Nos carnets de voyage

Transcrits tels quels.

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Philippe
Raymond
Lever 6:00. Isabelle et Sophie nous accompagnent en voiture place de la gare pour le départ du car Lufthansa à 8:00, arrivée à l'aéroport de Francfort 3 heures plus tard. Départ du vol LH 760 à 13:20.
Mercredi 24/09

Strasbourg
Francfort
Arrivée 0:40 à l'aéroport international Indira Gandhi. On change des dollars au bureau de change ouvert 24 heures sur 24, puis on prend la navette gratuite pour le terminal des lignes intérieures, qui utilise les même pistes, mais qui est cependant situé à une dizaine de kilomètres. Tout est fermé, impossible de boire le moindre thé ! On s'installe pour la courte nuit sur les chaises en plastique et sur le rhino mais c'est tout aussi inconfortable (un immense sac cylindrique qui contient toutes mes affaires, y compris mon sac à dos, pratiquement importable vu l'encombrement mais il protège efficacement le ruck dans les soutes d'avion).
Départ 6:40, vol IC 431 pour Leh, arrivée 7:55. Le 737 qui n'est pas de toute première jeunesse, est aux 3/4 vide (cela, paraît-il, pour pouvoir redécoller de Leh qui est à 3500 mètres, sinon il serait trop lourd). Vue superbe de l'Himalaya que l'on survole. Puis le Ladakh, reliefs ocres avec d'étroits vallons verdoyants ! Un tracteur vient chercher les bagages à l'aéroport de Leh. Puis on remplit un formulaire et un taxi -une Gipsy Suzuki- nous emmène à notre guesthouse, Dhelex Hotel, adresse du Routard : "...simple, mais patron formidable et d'une rare serviabilité, panorama splendide sur la montagne, chambres propres, très bon marché..." Sur un chemin qui serpente le long de la rivière, c'est une bonne adresse en effet, maison ladakhie traditionnelle en pierre, crépi et boiseries, jardin sauvage et fleuri, potager, et une vache.
Jeudi 25/09

Leh
14h. On vient de faire la sieste. 
Il faut :
     aller à Gipsy World
     livrer le cadeau de Marie-Paule
     acheter de l'essence, une gamelle et une bouilloire
     confirmer les vols

Nous sommes au Delex Guest House, 150 rp / jour.
Chez Gipsy world on peut, paraît-il envoyer un e-mail (100 rs) mais il y a souvent des pannes de courant.

Vendredi 26/09

Leh
    Le français du Guest House nous dit que c'est pratiquement impossible de faire Kargil-Padum, Padum-Lamayuru. On est trop tard en saison. Lui préfère de loin le faire avec un horseman. 
    On a dormi de 20h à 7h. J'ai repris une aspirine à 2h. Ca va presque mieux ce matin, mais je sens que ce n'est pas la grande forme. Si je ne bouge pas c'est bon. 
    Pour la salle de bain, il aurait fallu emporter une raclette pour pouvoir enlever l'eau par terre. Philippe s'est lavé à l'indienne, au seau ... évidemment ça ne s'écoule pas. Philippe l'a dit à la Ladakhi qui fait le ménage ; elle n'avait pas l'air contente, ... finalement elle a lavé cette salle de bain, mais pas l'autre. 
    L'apres midi on est monté au palais au dessus de Leh. Redescendu par la vallée. 
Samedi 27/09

Leh
On s'est finalement mis d'accord avec Tashi Gombo pour le trek de Hemis à Sangtha, retour par la route de Manali-Leh. Il nous faut trois chevaux, 170 rs/jour/cheval. Pour 11 jours de marche + 4 jours de retour pour les chevaux, ça nous fait 15x170x3 = 7650rs. On a déjà donné 6000 rs à Taashi. Les 1650 restants au retour à Leh.
    Il nous cherchera en taxi dimanche matin à 7:30, nous emmènera à Martselang (près de Hemis), le temps de dire bonjour au horseman et on y va.
    J'ai encore pris une aspirine cette nuit à 2h. Je vais très bien ce matin. Commission, lavé et rasé.
    On compte environ 6rs pour 1F. Avec les prix ici... il suffit de compter en francs comme si on était en France. Le repas est à 111rs (20F) ce qui est le prix en France (111F). 

... samedi midi. 
    On vient de faire toutes les courses (500Rs). C'est cher à cause du fromage et des soupes Maggi. Les cartes postales sont écrites (labo, maison, etc.,) il y en a 25 !
    C'est pas la grande forme. J'espère pouvoir passer le col mardi. Après fastoche. Mon pouls est à 80 / minute. 

... samedi soir. 
    On fait les sacs. C'est évidemment le bordel. Philippe veut tout garder sur son dos au cas où on perdrait les chevaux

Départ de Leh à 7:30, du trek à 9:30, arrivée à 12:30.
Le hameau a trois ou quatre fermes espacées de 200 mètres chacune. On plante les tentes, la nôtre et celle de Tapkas, dans un champ à étage moissonné, au bord d'une terrasse, au milieu de cette vallée encaissée. On a une vue superbe à la fois en amont et en aval et sur les montagnes grises et ocres, quelques arbres formant des taches vert tendre sur les berges et les parois, soufflés pas les vents. Quelques nuages épars passent, très haut. Pour seuls bruits, le vent, les buses et les cloches des animaux.
On dîne à 14:00 : dal, carottes et riz et soupe à la tomate en paquet. Tapkas et un gamin de l'une des fermes partagent notre repas. à la ferme du dessus, trois femmes trient de l'orge à l'extérieur, avec le vent comme élément moteur. Elles se baissent pour remplir une bassine de grains puis se relèvent et versent lentement le contenu à terre. Le vent fait le reste. Une autre femme ratisse pour récupérer la paille tombée plus loin dans laquelle il reste quelques grains récupérables. On soigne aussi la mère du gamin. Elle paraît très agée tant sa peau est burinée et ridée, mais ne l'est probablement pas car elle n'arrête pas de s'activer dans tous les sens, comme toutes les femmes ladakhie d'ailleurs. On lui lave le doigt au savon, puis lui met de l'éosine sur sa coupure due à la faux sans doute. Au repas du soir dans sa ferme, on lui refait son pansement. Elle nous offre du thé salé au beurre de yak, du fromage frais et de la tsampa. Excellent, mais il ne faut pas trop regarder les conditions d'hygiéne. Il fait nuit et on retourne à notre tente pour se coucher. Quant à Tapkas, il reste là.
Vers minuit, on est réveillé en sursaut par les ânes qui se font un plaisir de finir notre repas du soir et qui commencent à s'intéresser à notre réserve (le rhino). Le temps d'enfiler un slip, je rejoins Raymond dehors qui, lui dort tout habillé, donc a une seconde d'avance. Nous voila donc pieds nus, en pleine nuit dans la vallée ventée en train de tirer les ânes par leur corde, les pousser pour les faire sortir de la tente de Tapkas et déplacer le piquet où ils sont attachés. ça ne sert à rien de tenter de les désemmeler de leur corde, ils se remettent les pieds dedans aussitôt. On les attache loin de la tente, puis on se lave dans la ruisseau d'irrigation en contrebas. à peine endormis à nouveau, vers 1:30 nouveau réveil, musical cette fois. Tapkas et son pote sont de retour à la tente et chantent. La bouteille de biére d'orge n'est sûrement pas loin ...
Dimanche 28/09

Leh
Hemis
Chang Sumdo
    Lever 6:30. Ok. On est prêt, on attend le petit déjeuner qui vient à 7:30. Très bon. Du thé et des chapatis avec de la confiture de mirabelle. Tashi vient à 7:35 avec le taxi.On va sans problème jusqu'à Martzelang où on attend le horseman Tapkas qui vient à 9:30. Présentations, il est sympa... On lui laisse les sacs. On paye le taxi à Tashi, 715 rs et 50 de pourboire. Salut ! On le rappelle si on a un problème... mais il a oublié de nous donner son numéro de téléphone ! On marche devant. Tapkas nous rattrappe juste avant Shang-Sumdo où nous montons nos tentes à 12:30. Après, Grande Cuisine ! Carottes, radis, lentilles et riz. Tapkas fait ça super ... avec des petits oignons qu'il fait revenir dans l'huile.
    On a oublié les guêtres, le podomètre et l'altimètre. Et les oignons et l'huile, ... mais Tapkas en a.

    Tapkas nous explique la route prévue (qu'on ne fera d'ailleurs pas):         1. 28/9 Martzelang
        2. 29/9 Shang-Sumdo
        3. 30/9 Hankar là on tourne à droite vers Marka, Skiu, etc.
        4. 1/10 Langhanchan
        5. 2/10 Sorra
        6. 3/10 Dat
        7. 4/10 Lungma-che
        8. 5/10 Sangtha

    On passe donc l'après-midi là. On ne s'est pas ennuyé, on les a regardé faire les moissons, ou plutôt comment elles séparent le grain de l'ivraie. Belles photos ! 
    Et docteur Philippe : ... la dame de la maison juste au dessus de nous m'avait déjà montré le bout de sac platique qu'elle avait enroulé autour de son doigt. Je n'avais pas compris ce qu'elle voulait. En fait elle s'est tailladé le petit doigt, ... il n'est pas beau du tout, je me demande même s'il n'est pas déjà enflé. J'appelle Philippe qui sort les pharmacies ... tout le monde se précipite pour voir. Je prends les 2 pharmacies pour les poser ailleurs et on oblige la dame à d'abord se laver consciensieusement les mains au ruisseau. Et le petit doigt. Après Philippe lui met de l'éosine et de la gaze, et lui dit de revenir dans une heure.
    Une heure après, plutôt que de l'attendre, on y va. Elle nous invite dans sa maison. Il est déjà 5 h passé et évidemment on n'y voit pas grand'chose dans sa pièce. C'est pas mal. Comme toujours avec plein de casseroles et un poèle décoré. elle a même une lumière électrique au plafond, ... symbolique.
Et une radio qu'elle nous met en marche 10 s. On s'assied, elle s'affaire à son four et nous fait du thé ... au beure rance. Ca va, ca me rappelle les fermes dans les Vosges quand j'était petit. On a même droit au fromage blanc de yak avec de la farine, la tsampa. C'est bon. Et le lendemain je n'ai pas de contre-coup.
    On lui refait son pansement et en profitons pour sortir, sans finir nos tasses... Moi, poliment j'avais bu la mienne mais elle m'en avait resservi.
    "Good night ! " ... nous a va se coucher. Mais quelle folle nuit : Philippe se met du baume du tigre que j'en ai les yeux qui piquent. Les ânes viennent finir la gamelle de riz dans la tente de Tapkas qui lui est chez ses copains. Bref on se relève en slip et on cloue ces ânes un peu plus loin. Apres ça, on se lave les mains dans l'eau glacée du ruisseau et Philippe les pieds. Vers 1 heure Tapkas fait du tapage nocturne. A 2 heures c'est les voisins d'au dessus qui poursuivent leurs vaches.

Lever 5:30, départ 7:00.
Avant de partir on est obligé de courir partout après Tapkas qui en fait bricole dans la ferme en amont. On manque de se faire bouffer les mollets par les molosses de la ferme. On paye 20 roupies pour le camping et on part sous le soleil, mais il fait assez frais néanmoins, un régal pour marcher. On attend Tapkas pendant 3 heures peu après le village de Chogdo, ayant décidé qu'il était inutile d'aller plus loin sans savoir pourquoi il n'arrivait pas. On a le temps d'explorer les environs ! Il arrive finalement juché sur un cheval, tout au moins c'est ainsi qu'on le voit aux jumelles. Mais dès qu'il nous voit il descend de cheval ! Sur un autre ô stupeur : le bidon de kérosène arrimé avec le sac à dos de Raymond, brinqueballant au pas du cheval ! Le bidon n'étant pas fermé correctement, le sac à dos empeste le kérosène. Pour Tapkas ça ne semble pas un problème, il vit dans cette odeur.
Mouflons dans la montée à flan de montagne au milieu d'un dédale d'énormes blocs de rocher, chemin que j'avais descendu dans le torrent en faisant la Markha dans l'autre sens en 1988. Reminiscence d'un bon bain (avec sac à dos, en loupant une prise). Superbes couleurs dans la montagne. Vallée étroite et raide. Plusieurs cadavres de chevaux en contrebas.
On installe le camp à 4800 mètres, juste en dessous du Konmaru La. Dès que la tente est montée, il se met à neiger. Raymond se couche, mal des hauteurs. Tapkas a déjà préparé des chapatis et du thé, mais impossible de faire ingurgiter quoi que ce soit à Raymond. Pâtes lyophilisées Knorr. Je prête mes tennis ainsi que des socquettes à Tapkas pour la montée du col dans la neige du lendemain, car ces mocassins de ville à semelle plate et qui commencent à s'ouvrir ne me semblent pas très adéquates. Il les gardera au pied pendant 48 heures, mouillées ... On imaginera sans peine l'état dans lequel je récupererai ces Nike air neuves! Plusieurs séjours dans l'eau de javel seront nécessaires pour venir à bout de l'odeur.
Il neige toute la nuit et Raymond se nourrit d'aspirine.
Lundi 29/09

Chang Sumdo
Camp 4800
A 3h20 Tapkas veut nous réveiller ...
Mais on continue à dormir et donc lui aussi. Jusqu'à 5h30. Nous ça va. Tapkas et son copain qui ont dormi dans la tente de coton ont certainement eu froid. Tapkas n'a pas l'air de vouloir démarrer. Le lui dis de faire de l'eau chaude ... ça dure. Philippe et moi sommes prêts à 7h. On cherche Tapkas pour lui dire de ne pas mettre le kérozène avec les sacs. Il est encore en train de trier du grain. Philippe et moi on se met en route. Arrivée à 9h30 à Shumiro. On continue un peu au dessus. Et on attend Tapkas jusqu'à ... je ne sais plus mais ça dure..

Qu'en est-il de la forme ? Lentement, on monte lentement et j'ai un peu mal à la tête. Tout autour. Mais c'est pas la casquette. 

Philippe veut absoluement monter et attendre Tapkas en haut. Mais on va se les geler parce qu'on n'a pas nos affaires. Je fais un sitting en dessous des cheminées de fées. Philippe est parti se promener. J'y vais aussi. A 13h il arrive enfin. Philippe a vainement essayé de l'engueuler. Premièrement pour le retard (que c'était un mauvais horseman), deuxièmement pour le kérosène qui évidemment avait imbibé le sac de la tente ... "et même qu'on allait dormir à la belle étoile parce qu'on ne peut pas dormir dans cette puanteur".
"Yes, yes".
On comprend qu'il est difficile de lui faire comprendre quelque chose.

Et on commence la montée dans le lit de la rivière. C'est super, on monte doucement dans des gorges brunes et vertes. On voit même des bouquetins. Je vais lentement. Ca commence à être long ... et enfin on débouche sur le lieu du campement à 4800m ... je me dépêche pour me changer, pour mettre maillot de corps, capilaine, pull, veste de duvet et veste GoreTex, et collant et pantalon de ski. Tout ce que j'ai quoi !
Ca me tue. Il faut que je me couche pour récupérer. Je me mets dans la tente, j'enlève mers chaussures, enfin, j'essaye. Philippe m'enlève la deuxième, je m'écroule, ... et je dors. Philippe me réveille en sursaut parce qu'il secoue la tente pour enlever la neige. Parce qu'il neige, bien sûr !
Philippe et Tapkas ont fait des pâtes, pendant que je dormais. Ils m'appellent pour mahnger mais je suis trop exténué pour me lever. "Plus tard !"
Une demi-heure après je me force quand même ... et c'est bon ces pâtes toutes-faites à l'italienne. Cinq minutes de cuisson seulement. C'est certainement meilleurs que les lyophilisées que nous n'avons d'ailleurs toujours pas goûtées. Je mange et me sens mieux. Espérons que la nuit sera bonne et que la forme sera là demain. Ah oui, j'oubliais ... j'ai du enlever mon collant, j'étouffais (si, on peut étouffer par là)

Lever 5:30, départ 9:00, arrivée vers 16:00. Arrivée tôt en effet car la neige menace une fois de plus alors que toute la journée a été superbement ensoleillée.

30 cm de neige au réveil, 50 juste sous le col gravi en 3 heures. Montée pénible car il faut pousser mules et chevaux, c'est raide et il faut faire la trace. L'un des chevaux s'arrête sans arrêt aux endroits les plus merdiques et de préférence perpendiculairement à la trace. Les ânes voyant ça n'avancent plus du tout. Ils ne craignent même pas le bâton de ski que je leur plante dans les parties charnues. Tapkas, qui trace, redescend 2 fois pour faire avancer le cheval rechignard. On continue à l'équiper : Raymond lui passe ses lunettes de glaciers sinon c'est l'ophtalmie assurée, car la réverbération du soleil est intenable. Il lui avait déjà passé son pantalon de K-way au départ. 
Contents d'arriver au col mais déçus car la vue sur le Zanskar au nord, la chaîne principale de l'Himalaya, est bouchée. On rencontre un couple de trekeurs arrivé par le versent nord, et le temps d'une photo, d'une ration de fruits secs et d'un peu d'eau on fonce dans la descente, car c'est évidemment venté.
La descente en pente douce sur Nimaling est superbe. Immenses étendues de neige sous le soleil.
A Nimaling, on prend le thé dans l'une des maisons, îlot de chaleur au milieu d'un champ de bouses de ***, croisement de yak et de boeuf, afin de les rendre moins agressifs. Difficile de trouver un caillou plat suffisamment large pour poser le ruck hors de cette crotte en voie de déssication. C'est une sorte de relais en fin de vallée, le denier endroit où l'on peut avoir un gite avant le col ! Quel gîte et quelle aubergiste qui crache dans la louche pour la nettoyer avant de nous servir du thé ! La luminosité dans cet antre est extraordinaire, un rayon lumineux éclairant la cuisine ladakhie traditionnelle et la poussière s'échappant en volutes à chaque tout mouvement des occupants. La porte d'entrée minuscule est légèrement en contrebas et une pierre acceuille le front du visiteur ébloui par le soleil de ce plateau superbe qui ne se plie pas en deux pour entrer dans cet antre obscur et enfumé.
Après Nimaling, le temps se couvre. Le paysage change. La vallée se transforme en garigue valonnée et le chemin est par moment dur à suivre. On plante la tente dans un champ au milieu de la vallée encaissée avant d'arriver à Hanskar. Il fait froid et humide. Diner de riz, carottes, dal et thé. C'est clair, Tapkas se paye une ophtalmie. On a l'embarras du choix pour les collyres : on a 3 flacons différents.

Mardi 30/09

Camp 4800
Konmaru La 5200 m
Camp avant Hankar
Le matin, comme toujours, je vois, de l'intérieur, la tente qui s'éclaire lentement vers 5h30. Je me tourne et me retourne comme j'ai fait toute la nuit. Un coup à gauche, un coup sur le dos, un coup à droite. J'ai enfin compris comment me mettre pour ne pas avoir froid : j'ai des chaussettes, mon pantalon de ski, un t-shirt, ma capilaine mauve. Ma veste de duvet avec la capuche. Sur les pieds je mets ma veste GoreTex et sur moi, jusque sur la tête, la veste de duvet de Philippe.

  On se lève (je me lève toujours le premier). Tout est blanc. 25 cm de neige. Tapkas se met lentement en branle. Il n'a pas l'air d'aimer ça, la neige... "Is no good". Evidemment il n'a pas de chaussettes, des chaussures (de ville) trouées qu'il avait mouillées la veille en marchant dans le torrent. Philippe lui prête ses Nike ("very good") et moi mon pantalon Kway ("very good").

  A 9h on décolle. On a les pulls et les vestes mais il ne neige plus. On monte tranquillement, de bonne humeur. Dans la neige, mais ça avance bien. Souvent je décide de faire 20 doubles pas puis je m'arrête pour respirer. Philippe dit que ce n'est pas bien de faire comme ça, pour le coeur. Mais on monte ... Vers la fin on le fait en poussant les ânes et les chevaux. Ils sont cons ces animaux ... pourquoi s'arrêtent-ils tout le temps ? On les bouscule à coup de poing et de bâton de ski ... certainement qu'ils sont crevés aussi.

  Ca monte assez sec mais bien. Et le soleil en face. Sur la neige. On voit les drapeaux à prières ... encore trois lacets. On y est ! 5150 m. Du vent, faut vite sortir les vestes. De l'autre côté montent deux Ladakhis et un mec et une nana. "Ca montait lentement" disent-ils. On leur fait la photo, ils prennent la nôtre.
  "Djulei ! ". Et on descend dans un belle pente douce avec 30 cm de neige fraîche. Facile ! Dommage qu'on n'ait pas de skis !

  On descend cettre immense pente neigeuse pour arriver dans une plaine où Philippe dit voir une auto-chenille qui a fait des traces ... A l'odeur on se rend compte qu'en fait ce sont des moutons et des chêvres qui passaient en troupeau. D'où les traces, ... et les crottes. Je me dépêche de passer tellement ça pue. De l'autre côté de la vallée : Nimaling. En fait une maison. Où nous sommes invités à boire le thé par une vielle femme. Tout n'est que crotte et merde autour de la maison. Un immense tas de fumier qui coule jusque dans la maison. On s'installe pour le thé. Je refuse le beurre rance. Elle a une bonne vieille tête que j'aimerais prendre en photo. "Photo ? " Et je la prends. "Roupies ! " qu'elle me repond. Philippe lui en donne dix; qu'elle pose sur son étagère. On s'en va sans lui dire au revoir ... On redit à Tapkas de bien séparer nos babages et le kérozène. Ce qu'il ne fait pas une fois de plus ... mais heureusement le bidon ne coule plus.
Le cheval, avec le sac de Kinouche sur son flanc gauche, et qui a les pattes de devant liées, tombe dans le fumier sur son flanc ... droit. "Tapkas ! ". Il arrive, lui delie les pattes et le relève ... ouf. Le sac est sauvé ! On reprend la marche, doucement.

Et on arrive à Hankar. Le camp est juste en dessous d'une rigole d'irrigation. On y cherche de l'eau, d'ailleurs. Tapkas monte sa tente mais merdiquement : le bâton de devant est tout tordu. Le mât de derriere est une pioche qu'il a posée sur ses affaires. Et comme il neige, on vient à son secours avec nos bâtons de ski. On fait la popote. comme le premier jour : carottes; radis, dal et riz. C'est moins bon que la première fois, les radis sont coupés trop gros et ce n'est pas assez cuit. En plus c'était le délire pour s'assoir confortablement dans la tente de Tapkas. Soit on faisait s'écrouler son mât (sa pioche) soit on mettait les pieds (chaussés) sur la "table". Et du coup je n'ai pas eu droit au rissolement des petis oignons dans l'huile d'olives ni à l'ajout de massala (curry). La nuit se passe relativement bien, plus de mal de tête.

Départ vers 9:00 et pourtant lever à 6:15. Arrivée à Markha à 14:00.
Deux ladakhis à cheval viennent nous réclamer 30Rs pour le camping, suivis peu de temps après par 2 autres individus, à pied eux, qui nous demandent si on a payé les camping charges. "Ah trop tard", les cavaliers ont été plus rapides. Tapkas fait peur. Il a les yeux boursouflés et rouges, et le nez enflé et ensanglanté par ses gerçures. Petit dej d'habituel muesli Tapkas nous donne aussi des chapatis qu'il fait en fait chaque matin. Il donne aussi des boules de farine aux chevaux et en garde aussi pour eux dans sa besace qu'il leur distribue pendant la journée. On mangera ces chapatis à midi en compagnie de sa fille qui est venue à la rencontre de son père.
  Le chemin qui suit la riviére est superbe. Plusieurs traversées à gué dans l'une de laquelle Raymond loupe une pierre et s'étend de tout son long dans le lit impétueux de la Markha. Une Gompa est perchée en haut d'une falaise et semble complétement inaccessible. Les enfants qui nous accompagnent, la fille de Tapkas et son copain sont ébahis. Chacun d'eux se charge d'un de nos bâtons de ski. 
  L'instituteur du village nous acceuille dans un anglais excellent, dans une chemise propre et repassée. On plante la tente dans un champ à côté de l'école, en aval du village mais qui nous cachera le soleil au lever du jour le lendemain. Grande lessive dans la rivière : linge et bonhomme. Glaciale. On gèle. à peine lavés le soleil se cache et il se met à neiger alors que la minute précédente nous étions à poil dans la rivière. On discute avec 2 anglais en doudoune, qui eux ont planté la tente du bon côté du village et qui avaient envisagé de faire Leh-Padum par le Julam. Superbe iti, sauvage et sans village mais beaucoup d'animaux sauvages.
  Thé puis diner chez Tapkas. Outre son fils Kanjin, 3 ans et sa fille Sirindiskit, 12 ans, il y a aussi le beau-frère et ses 2 enfants et une femme, celle de Tapkas? Le gamin de 3 ans est à la bière d'orge et mange dans une petite boîte de conserve. En guise du dîner typiquement ladakhi auquel on s'attendait, on a droit aux nouilles au cury en sachet et à la soupe au veau ! Relicat de précédents trekkeurs probablement.
Capteur solaire sur le toit comme quelques autres maisons.
Mercredi 01/10

camp avant Hankar
Markha
Réveil comme toujours quand la lumière éclaire la tente vers 6 h. Départ comme toujours aussi à 9h. Chemin facile et agréable. Grande platitude. On voit pour la première fois des clôtures en fil de fer barbelé. Dedans poussent des arbustes. Le barbelé c'est pour éviter que les animaux ne bouffent les pousses ou les feuilles. En chemin on rencontre un garçon de 14 ans et une fille de 12.
Amdou et Sirindiskit. Ils me disent être les enfants de Tapkas ... plus tard, en douce, la fille me dit que, lui, n'est pas le fils, que elle. Elle a deux soeurs qui sont à l'école à Leh et un petit frère. C'est sympa, on discute tout le reste du chemin. En plus je fais fort en tombant dans l'eau. J'avais voulu traverser sur des cailloux, ai glissé et plouf, un pied dans l'eau jusqu'à mi mollet, puis l'autre et en plus je pique du nez en plantant la main droite gantée qui tenait le bâton de ski. Je m'écorche le pouce. Remis de mes émotions, je change de chaussettes dix minutes plus tard et tout rentre dans l'ordre. Philippe montre ses jumelles aux enfants. La fille est folle de joie. Et à travers les jumelles on voit Markha. Où habite Tapkas. Markha est unvillage assez grand, construit sur une belle avancée rocheuse. Il y a un camping avant et un après. Le nôtre. De loin on voit d'autres trekkeurs qui montent leur tente (sur leur camping). Il y a encore du soleil, on en profite pour se laver, les fesses et le zizi. Pour se rincer je me trempe dans le torrent jusqu'au cou. Philippe plus digne le fait par moitiés. D'abord le haut, torse nu, puis le bas, avec un t-shirt. A peine fini il commence à neiger. Et il fait froid.Les deux anglais de l'autres camp passent. On discute un peu (en se les gelant). Ils voulaient faire Hemis-Zangla mais parait qu'il y a un pont détruit. Du coup ils vont peut être faire l'ascension du 6400 qu'on voit depuis Markha.
On mange dans la maison de Tapkas. Toute la famille défile : la femme, le petit garçon de deux ans, le beau-frère avec ses deux ou trois enfants. En fait ils n'étaient là que pour le thé. Quand on y est pour dîner il n'y a plus que le petit garçon qui mange avec nous. Apparemment la fille, Sirindiskit, est avec la mère. Elle vient souvent nous voir au camp.
Départ 9:00, arrivée 16:00, environ 1 heure 30 d'arrêt pour lavage complet dans la Markha, y compris rasage (barbe de 5 jours à enlever sans mousse à raser !) Chapatis, fromage Britania en boîte et confiture tout fruit à l'indienne. Il fait chaud et on se prend des coups de soleil sur les mains, seules parties non protégées.
La logeuse de la veille nous accompagne ou plutôt accompagne Tapkas à cheval. Lui ne monte sur son cheval que s'il croit que nous ne le voyons pas. L'itinéraireest monotone, c'est un fond de vallée plat de 17.km en légère descente. C'est le premier jour où l'on ne croise pas un touriste.
à Skiu, le terrain de camping est crade et situé à l'entrée du village, là où la vallée est étroite et encaissée. Dommage car c'est une belle prairie ombragée avec des arbres, mais c'est dur de trouver un endroit sans crottes ni résidus de précédents campeurs et aussi qui soit bien exposé au soleil levant, pour installer le camp. C'est important pour le moral d'avoir un camp sur lequel le soleil tape le plus tôt possible le matin, pour faire sécher la tente, profiter du soleil au plus tôt, etc...
Dîner dans la maison de la copine de Tapkas de riz, dal, carottes au curry plus liquide que les autres fois mais excellent.
éclairage solaire aussi. Le fils cadet a même un walkman et l'aîné écoute de la musique à la radio. C'est la première fois que l'on entend de la musique depuis que l'on a quitté Leh. La cuisine est typique, fenêtres minuscules, sombre et les étagères sont remplis de pots.
Jeudi 2/10

Markha - Skiu
La nuit se passe bien , et moi comme toujours, je fais la crêpe. Je lève tout le monde à 6h.
Changement de tactique, on fait notre petit déjeuner nous-mêmes. Philippe se bat avec son réchaud mais ça finit par marcher. Sirindiskit vient vers 7h30 nous apporter le thé croyant qu'on n'en avait pas. Elle nous regarde ranger notre bordel, en caillant. Je lui mets un pull et ma veste GoreTex. Philippe regrette de ne rien avoir à lui offrir. Moi je n'ai rien, vraiment rien. Dans les guides ils disaient de ne jamais rien donner. Philippe lui offre son beau peigne Kenzo. Elle le prend, le regarde bien. Contente. Plus tard, quand on remonte pour dire au revoir, elle est sur le chemin en train de se peigner. Elle met le peigne en barette dans ses cheveux (qu'elle a lavés). Philippe remonte pour apporter les duvets et les habits à mettre sur les chevaux. J'attends en écrivant. D'en haut on me fait des signes. Je montre aussi. Et tout lemonde est là. Le beau frère, le grand-père avec de beaux cheveux, un chapeau, des boucles d'oreilles et un collier. On boit le thé. En sortant le grand-père se plaint d'avoir aussi mal à l'oeil. On lui met aussi du collyre. Le garçon qui nous accompagnait de Hankar à Markha en avait besoin lui aussi. Sur le pas de la porte docteur Philippe officie. Je prends la photo.
On serre la main à tout le monde. Aux petits enfants aussi ... djulei ! Et on part. Et c'est long de Markha à Skiu. Surtout que Philippe râle tout le temps, parce qu'il connait, parce qu'il attend toujours sa vallée qui est juste avant Skiu. En chemin on rencontre un vieux bonhomme dans un endroit absolument désert. Il n'a pas l'air d'y voir grand chose. Il voudrait du feu. Philippe lui donne son briquet. Il ramasse quelques brindilles dans son manteau. Je crois voir à 50 m une sorte de hutte. Je lui demande si je peux la prendre en photo. Oui, mais c'est lui que je dois prendre. Je fais un beau gros plan. On continue dans cette plaine jusqu'à midi. Là, on passe l'eau. Lessive de ma chemise et lavage des cheveux. Ca fait mal à la tête quand on se rince dans cette eau glacée, mais c'est tellement bon de se sentir des cheveux. Repas génial : chapatis, fromage et confiture. Tu mets du fromage sur un côté du chapatis, de la confiture sur l'autre et tu plies le tout. En plus ça ne salit pas les mains. Pendant qu'on mange Tapkas et sa femme nous rejoignent. A 50 m de nous ils descendent du cheval ... croyant qu'on ne les avait pas vus. Et c'est reparti.
Régulièrement on se double. Philippe attend toujours sa vallée. Finalement elle arrive. Et tout de suite après, Skiu. Tapkas s'installe dans la maison de la femme. Nous sur le camping dégueulasse juste en contre-bas. Ca pue le cheval et le bord de rivière pourri. On mange, carottes-riz, c'est délicieux.
Départ 8:30, arrivée 15:00
Petit dejeuner en utilisant mon réchaud qui est super efficace quand il ne se transforme pas en lance flammes. Un nettoyage de l'injecteur s'avère nécessaire.
On quitte l'itinéraire classique de la Markha au village de Skaia aux nombreuses fermes et maisons. La moisson bat son plein, on croise même une fermière portant des lunettes de soleil ! Tapkas pourrait suivre son exemple ! C'est rare au Ladakh, pourtant avec le soleil qui tape c'est un must. Puis on quitte la vallée pour marcher à flanc et on s'éleve graduellement. Le paysage se désertifie. à une pause pour la tendinite de Raymond, on aperçoit enfin le Zanskar loin en contrebas : gorges impressionantes. Puis une suite de montées et descentes qui malgré la chaleur et l'absence de toute végétation se fait doucement mais sans problème. Tapkas nous rejoint avec ses 3 chevaux et on arrive enfin à la fameuse nacelle suspendue au dessus du fleuve Zanskar.
Cette nacelle est un véritable désastre. Tapkas veut d'abord traverser seul pour nous montrer comment faire. On commence en fait par désemmeler les cordes et les lover, puis Raymond se lance. Il arrive de l'autre côté non sans mal car les passants qui retiennent la corde au fur et à mesure de l'avancée sont défaits. Le poids de la corde tombant dans l'eau se fait atrocement sentir surtout quand il s'agit de remonter vers le point d'attache sur l'autre rive. Effort tel que Raymond est obligé de soritr la gourde de son sac et de boire en ne se servant que d'une main, l'autre étant occupée à retenir la nacelle en tenant à la fois poulie et câble pour qu'elle ne redescende pas vers le milieu au dessus du Zanskar bouillonnant. Pendant ce temps Tapkas m'innonde de "No good, no good" . Raymond attache la corde suiveuse de l'autre côté de la rive qui avait du être détachée à cause du manque de passants probablement. Après un adieu à Tapkas je grimpe dans la nacelle avec mon Jaguar-65 devenu énorme.
Raymond est obligé de me tirer de l'autre côté, car me hisser moi-même en faisant attention de ne pas se faire arracher la main par cette damnée poulie, eh bien ça ne suffit pas. Superbe plage de sable blanc de l'autre côté du Zanskar, mais on continue vers le village après que Raymond ait essayé de faire un noeud spécial sur la corde pour que la nacelle retourne vers l'autre rive si quelqu'un l'appelle. Mais on renonce car le poids de la corde, vu le manque de passants est trop grand.
Il fait chaud et on s'étalle dans le premier pré venu près d'une grande maison où on nous offre le thé salé. On decide de ne pas camper alors que l'herbe est pourtant épaisse et acceuillante et on accepte la proposition de dormir dans une des chambres, sombre et poussièreuse à souhait, de la maison ladakhie typique ! Petit marchandage : on nous propose 200 Rs, on a la chambre pour la moitié. Magifiques meubles ladahis en bois peint, éclairage **, mais tout ce qui est étoffe, tapis ou matelas n'est que poussière. Nettoyage, puis une nana nous apporte du thé et se plante là avec ses abricots à dénoyauter assise en plein milieu de la porte. Boeuf bourguignon et parmentier de poisson (Décathlon), moins bon et compote lyophilisée, excellent. La maison a une cuisine superbe. Les chiottes sont particulièrement intéressantes : dans une piéce avec un grand tas de sable, on s'acroupit au dessus d'un trou dans le sol et la réception se fait dans la piéce du dessous. On recouvre d'une pelletée de sable.
Vendredi 3/10

Skiu - Chilling
Réveil à 6h. Beau temps. Pour une fois il ne fait pas a froid. Je me lève et ne mets pas la doudoune. Je prépare l'eau chaude, j'arrive à mettre en branle le réchaud. Quand l'eau boue elle éteind la flamme. Imppossible de la rallumer. Philippe décide que l'eau est assez chaude. Muesli et thé comme tous les matins. Pendant que je fais la vaisselle, Philippe démonte le réchaud. On verra bien s'il marche mieux la prochaine fois. Départ à 8h30, un record. Le paysage est magnifique, d'abord beaucoup de verdure, des arbres, et d'un coup tout est sec. Seules quelques touffes de "vert" et des fleurs. De belles couleurs, ocre, rouge. Du beau rocher bien sec.
De loin on voit une petite vallée qui part sur la gauche. Philippe regarde avec les jumelles ... il voit une péniche sur un grand fleuve ! J'y crois pas, la gorge est bien trop étroite. Mais si, c'est le Zanskar ! Sans la péniche. Ca n'a rien à voir avec les "ruisseaux" qu'on a longés jusqu'à maintenant. En fait le chemin Skiu-Chilling est super parce qu'on est constamment à 300 m au dessus de la Markha. Dans le désert.
    Et on arrive à Chilling. Tapkas est en bas près de l'eau. Pourquoi est-il juste là ? Parce que c'est de la qu'on traverse avec la nacelle. Quel truc ! Elle est de notre côté, heureusement, elle aurait pu être de l'autre. Tapkas, avec ses chevaux, ne traversera pas, bien sûr. On décharge nos affaires et on les bourre dans nos pauvres "petits" sac à dos. On demande à Tapkas comment faire pour traverser avec ce truc ... "Yes, yes". Dans ce type de situation il ne faut jamais croire ce qu'il raconte. Il ferait n'importe quoi. Pour un peu on perdait la nacelle ! Elle était attachée on ne sait trop comment. Pendant un temps on cherchait vraiment la solution. C'était en fait un vrai fouillis de cordes, de couleurs différentes. On essaye dans tous les sens ... pour finalement décider qu'il n'y a qu'a faire comme nous on veut : on fait le compte des cordes, on les trie, on les love, on les met bout à bout ... mais pas la verte qui apparamment sert à l'ammarage. Je fais un galop d'essais, sans sac. C'est moi et non pas Tapkas qui se proposait toujours : "you go ! " en se montrant du doigt. "No" je lui réponds. D'abord parce que je n'ai pas confiance, puis parce qu'on ne pourrait pas lui parler, et en plus je lui dis qu'il ne sait pas nager : "You cannot swimm ! ". "Yes" évidemment qu'il sait ... j'aimerais quand même bien savoir où il aurait pu apprendre ... dans cette eau glacée ... dans les petits ruisseaux de la Markha ?
    Bref, j'y vais. On déroule la corde, tout se passe bien. Mais elle n'est pas assez longues pour atteindre l'autre côté. Je reviens. On met toutes les cordres disponibles bout à bout. Je prends mon sac. Je dis au revoir à Tapkas. Tout se passe parfaitement jusqu'à environ 20 m de l'autre rive. La corde que je traine ne passe pas par assez de passants et du coup devient trop lourde, au point qu'elle touche l'eau (pour s'alourdir encore). Elle tire la nacelle en arrière. Je continue quand même en tirant sur le câble. Jusqu'à 10 m ça va. Mais je commence à fatiguer. Je décide de me reposer un peu. Pour cela il faut que je tienne le câble, les bras me font de plus en plus mal. Je me dis que ça ne sert à rien de rester là immobile. En forçant comme une bête j'arrive péniblement à 2 m du point d'attache où pend lamentablement un petit bout de corde. Je force à m'en faire péter les avant bras et j'attrappe une boucle en feraille, point d'attache sur le rocher. Je suis litérallement écartelé entre cette boucle et la nacelle. Je vais lacher, ... mais c'est trop con ... faudrait revenir entièrement de l'autre côté, rallonger la corde je ne sais trop comment et tout recommencer ... Je force encore et arrive à choper la corde de 2 m de long qui pend, là. Je lache la boucle en feraille et me retiens maintenant par le bout de cette corde (les 20 derniers cm). Surtout ne pas rester dans cette position où je me fatigue encore plus qu'avant. Je force et en tirant comme un dingue arrive à grappiller quelques 20 cm supplémentaires que j'arrive à enrouler autour du support de la nacelle. Il me reste 10 cm pour faire un noeud ! Je n'y arrive évidemment pas. Je peux quand même "tenir" la nacelle avec une seule main. Sans forcer. J'en profite pour me reposer les muscles. Et pour boire. Heureuseument que j'avais une main de libre et que mon sac était juste là, avec la gourde, remplie. J'explique à Philippe, qui m'observe depuis l'autre rive, que je me repose. Que faire maintenant ? La nacelle est vraiment trop lourde. Ce n'est pas que la nacelle d'ailleurs, c'est la corde qui pend, dans l'eau. Il aurait fallu mettre beaucoup plus de passants. On en avait en plus ! Je demande à Philippe de détacher la corde et de descendre sur la plage pour que j'ai plus de mou. Impossible qu'il me dit. Il ne peut pas défaire le noeud. Je la savais, je l'avais vu ! En plus elle est attachée à un endroit débile, coincée entre le câble et le rocher. Faut être con pour faire ça. Ce sont les touristes peut-être, comme nous ! ... Je me repose. Que dois-je faire ? Je retourne et on recommence tout ? Non. Je décide de passer en force. Je gagne 10 cm mais ça ne sert à rien... je recommence et là je "gagne" 50 cm de mou ! De quoi faire le noeud. Je sors de la nacelle. Ouf ! Sur le rocher traine assez de corde pour faire la traversée. Et dire que ceux qui s'en sont servi la dernière fois ne m'ont laissé que ce petit bout d'à peine 2 m.
J'y suis. J'attache correctement la nacelle. Je sors le sac. Je fais "hourra !" à Tapkas. Je love consciensieusement la corde et pendant que Philippe récupère la nacelle en tirant sur sa corde, je surveille la mienne en mettant régulièrement des passants. Je n'en ai que trois, mais c'est nettement mieux que un. Philippe s'installe avec son sac et je le tire sans trop de mal. Il veut quand même m'aider en tirant sur le câble. Ca me fait froid dans le dos d'imaginer qu'il se coince les doigts entre le câble et la poulie ... Il débarque. On est pas mal crevé tous les deux.
    Sous la nacelle, la plage ! J'y prends une photo et du sable pour Armelle. Comme maintenant on dispose d'une corde suffisamment longue de chaque côté, on pourrait imaginer un système où, quand on tire d'un côté elle fait la traversée ... Il suffit pour cela de faire un noeud qui se défait quand on tire dessus de l'autre côté ... On essaye, mais malheureusement la corde pend de trop, n'a pas assez de mou et, étant trop lourde, "tire" déjà pour défaire le noeud. Tant pis pour les suivants ... d'ailleurs Tapkas, "qui sait tout", nous dit de laisser la nacelle de notre côté.
On met nos monstrueux sacs sur nos dos. Salut Tapkas ! Et en route pour Chilling qui n'est qu'à 200 m. On passe devant le restaurant Dundun La, fermé évidemment. Que fait-on ? On prend en direction de Dundun La tout de suite ? Nous allons d'abord voir au village. On longe la route puis on revient sur le village. Pas mal, avec les montagnes derrière toutes dentelées. On voit un pépé, on lui demande "Camping ? ". Il est un peu paumé. Plus loin une jeune fille, 18 ans. "Camping ? ". On la suit. Elle me demande si on veut "room". Je lui réponds qu'on a tout ce qu'il faut. A côté d'une belle maison deux filles et un gars font la vaiselle dans la rigole. A côté, l'emplacement du camp. Philippe demande s'il n'y a pas mieux. C'est bien, je lui dis. Ok. On enlève nos sacs et on déballe un peu. Philippe sort son sac en tissu blanc, le montre à tout le monde et ... "Ah ! ... chapaties !" Tout le monde rigole. On s'installe pour nos chapati-confiture-fromage. On nous offre du thé, salé. Pas mauvais. Je demande à Philippe s'il ne veut pas prendre une chambre. Parce qu'en fait Philippe leur avait demandé si la belle maison blanche à étages étaient à eux. "Yes", et ils avaient l'air d'en être fièrs. J'insiste un peu, ... et Philippe, qui ne voulait pas finit par être d'accord. Je demande à la fille pour la chambre "how much ? " Elle répond qu'elle ne sait pas. Elle me demande combien je veux payer. - 100 rs, je lui dis. - Ah non ! d'autres touristes payent 200 ! - Tant pis, je lui dis, ... et comme on a une tente ... Elle revient cinq minutes plus tard et rediscute le prix. 120 ... 100. Ok !
    C'est une belle chambre, avec de beaux meubles peints. Mais des matelas hyper poussiéreux. On s'y installe. Une autre fille aussi, pour trier ses noyaux d'abricots. On n'y voit plus assez clair à 18h10. Mais il y a la lumière électrique ... des panneaux solaires. Ca marche bien leur truc ! Du coup, grande cuisine lio. Au menu, "Parmentier de Poisson", et "Boeuf Bourguignon". Le parmentier de Liophal est netement meilleurs. En dessert "Compote de Pommes" liophal. Très bon. Et du thé que nous prépare l'hotesse. On met les matelas poussiéreux côte à côte et, pardessus,la couverture de survie de Philippe et les matelas de bivouac.
Départ 9:00 aprés un lavage très succint dans l'eau du torrent pourtant au soleil sur le chemin à la sortie du village. Longue, longue montée au col, mais la vue devient de plus en plus grandiose à mesure que l'on s'élève : la chaîne de Stock, la chaîne du Zanskar et la chaîne de l'Himalaya au delà de Padum. En montant on s'arrête à une ferme, mais impossible de se faire comprendre. En plus, plus une seule petite coupure de roupies (notre plus petit billet est de 50 rs), donc on ne prendra même pas la vieille fermière en photo car c'est sa condition pour être prise en photo. Pourquoi pas d'ailleurs, elle aurait même droit à un copyright d'ailleurs.
Sept heures pour monter au col. Double col en fait et raide et exposé à la fin. Vue superbe sur la vallée qui mène à Lamayuru.
Du premier col, on voit le Spatski La (5450.m) mais il faut descendre complètement dans le fond de la vallée avant de remonter. On redescend le Dundunchen La jusqu'à ce que l'on trouve une source. La première est pratiquement inutilisable car elle s'épand au milieu d'une bouillasse où sont venu s'abreuver des bêtes. On en trouve une seconde plus bas près d'un village d'alpage déjà déserté en cette ssison, et on s'arrête malgré l'infinie lenteur du débit car il est déjà 18:00. Thé après une atroce bataille d'une heure avec le réchaud, puis lyophilisés : curry de poulet Décathlon, pas génial, et couscous assez bon.
Samedi 4/10

Chilling
Dundunchen La
Camp 2
Réveil 6h30. On remet en branle le réchaud. Bon muesli. On se fait nous-même le thé aussi. La fille vient demander si on a besoin de quelque chose. On la paye. 100 rs pour la chambre. Philippe demande ce que coûte le thé. "As you want".  On lui donne notre superflu : 500g de sucre, un demi pot de confiture, une gomme et une soupe. "Bye bye, djulei !". On charge nos lourds sacs et c'est parti pour le Dundun La.
    D'abord dans les gorges d'un torrent. On s'y arrête d'ailleurs pour se laver les mains et la figure, se brosser les dents. A ce propos, on le fait pratiquement systématiquement matin et soir. Montée tranquille jusqu'à une maison abandonnée où on prend à droite. On marche bien, tranquillement, sans effort. On arrive à une autre maison avec un grand champ d'orge devant. "Djulei ! ", on appelle. Et on nous répond. Je croyais que plusieurs enfants nous répondaient. Non, c'est une vielle femme. Dont nous ne comprenons que "Djulei" et "Roupies" quand on lui demande de la prendre en photo. Depuis sa maison on a une belle vue sur tout le Zanskar. On commence enfin à comprendre comment sont organisées les montagnes. On voit jusque derrière Padum. Photos. C'était pas urgent parce qu'on pourra en faire pendant toute la montée du Dundun La.
    Elle n'en finit pas, cette montée. Tout devient très arrondi. Derrière une bosse, une autre bosse ... Je n'ose pas imaginer ce que doit être le Spatski La qui fait 5450 m. Je commence à comprendre qu'ici tout est grand ! La forme est là, malgré le sac. Bosse après bosse, on devine le col. Après quatre ou cinq faux espoirs on le voit enfin bien franchement. On y va. Du col on voit super bien le massif en face avec le Spatski La, mais entre lui et nous il y a la vallée qui est pratiquement à l'altitude du Zanskar, 3600 m. Je ne vois pas descendre et remonter le monstre de l'autre côté. Il n'y a pas de chemin d'ailleurs. On se rend compte que le col du Dundun La n'est pas là où on est, mais à une demi heure de marche, à l'horizontale, en marchant sur la face nord. Voilà qui éclaire tout. Il nous aura fait attendre ce Dundun La. Heureusement qu'on est passé par lui parce que la vue est magnifique. On voit jusqu'à Manali, en Inde, jusqu'au Tibet, et, s'il avait fait super beau jusqu'à l'Everest, j'en suis sûr.
    En face, devant nous, on voit le Konske La qui nous tend les bras... mais pour le moment descendons, et ce, le plus vite possible, parce qu'il est tard, parce qu'on est crevés et surtout parce qu'il faut trouver de l'eau ... et on n'en voit pas ! Quelques photos et on descend. Ca descend facilement. Au loin on voit une bergerie abandonnée. Un peu plus haut un replat avec de l'eau. On y va ... Que de la boue. Rien ne coule.On va vers la bergerie. Philippe trouve une source en amont de la bergerie. On s'installe ici. Tout serait parfait si ... le réchaud voulait bien fonctionner. On s'est battu pendant plus d'une heure pour chauffer deux casseroles d'eau : le briquet, dégouté, cessait de fonctionner. Et on ne trouvait plus les allumettes ni l'autre briquet. Etant plus tétus que le réchaud, il a quand même accepté de fonctionner. Au menu, couscous (très bon) et poulet aux pâtes (bon). Et un litre de thé. Nous étions arrivés au camp à 18h. On a juste eu le temps de monter la tente avant la nuit. A 20h30 on s'est écroulé, après avoir été lavé nos mains noires dans le filet d'eau froide de la source.
Lever 6:00 mais départ 9:00 comme d'habitude. Re-bataille avec le réchaud. Le joint en cuir de la pompe se plie et les coups de pompe forcennés sont aussi inefficaces qu'exténuants. On parvient tout de même à se faire chauffer de l'eau pour le muesli et le thé.
Descente en fond de vallée jusqu'à Sumda Chu, puis sur les hauteurs en rive gauche. Arrivés au village de Sumda Chinoon, un gamin dans un champ nous propose des chapatis. On le suit dans la maison de sa grand'mère. Ce n'est pas le parcours du combattant mais c'est pittoresque : échelle aux barreaux inégalement espacés pour monter sur le toit où le grand'père est entrain de dépecer un mouton, vue plongeante sur la cour intérieure dans laquelle on redescend (échelle), puis par un couloir sombre on accède à la cuisine, vaste comme toutes les cuisines ladakhies. La grand'mère commence par se laver les mains au savon en utilisant une de ces magnifiques louches sculptées en laiton qu'elle coince entre l'épaule et la tête, sur la terre battue, au milieu de la cuisine. Puis elle fait les chapatis, malaxe la farine et l'eau, fait des petites boules de pâte qu'elle élargit progressivement en tournant entre ses pouces jusqu'à obtenir une galette d'environ 15 cm de diamètre qu'elle pose dans une poêle sans manche ou plutôt coupelle sur le poêle à bois. Le grand'père leur fait ensuite faire un court séjour dans l'ouverture du poêle pour leur donner leur croustillant, et nous les donne après avoir soufflé dessus pour enlever les braises. Ces chapatis sont délicieux. Ils sont accompagnés de moultes tasses de thé au beurre rance, puis de thé sucré, car ils ne sont pas dupes et savent bien que les occidentaux préfèrent le thé indien sucré à leur thé salé. Les gamins pleurent car leur grand'mère ne leur donne pas de thé sucré.
On repart avec un tas de chapatis sous le bras en laissant 50 roupies. C'est beaucoup mais on n'avait que cela. Raymond fait des tas de photos des gamins et des grand'parents. La luminosité dans la cuisine est superbe, avec ces rayons de soleil qui filtrent du plafond et dans lesquels tourbillonnent les particules de poussière.
On continue de remonter la vallée et on décide de planter la tente vers 14:30, 15:00 car le ciel se couvre de plus en plus. Tente installée et provision d'eau faite et il se met à neigeotter. A la première accalmie on se lève pour préparer le diner, où plutôt se préparer à batailler avec le réchaud qui au bout de 3/4 d'heure se met à fonctionner comme un charme. Hachis parmentier Lyofal et boeuf bourguignon Décathlon, thé. Il se remet à neiger et on mange sous la tente. Extinction des feux vers 20:00.
Dimanche 5/10

Camp 2 - Camp 3
Lever à 6h30. J'installe le réchaud maudit sur le muret de la bergerie. Il marche super ! On s'avale notre muesli et un litre de thé. Philippe refait consciensieusement son sac et on décolle à ... 9h. Descente un peu merdique, Philippe veut toujours aller en face. On traverse le pont à Lasgo et on remonte avec peine la vallée qui nous mêne à Sumdo Chenno. On a vraiment du mal à marcher aujourd'hui. Les sacs sont hyper lourds. Sumdo Chenno est un beau village où trois enfants nous voient arriver. "Djulei ! ". Un garçon de 13 ans nous demande "Chapatis? " - Bien sûr ... c'est ce qu'on voulait (moi, je n'arrive pas à manger le pain dégeu acheté à Leh). Philippe voudrait manger dehors, mais personne ne cause un mot d' anglais et on suit le garçon. Le grand père est en train de dépecer un mouton. La grand'mère, aux cheveux noirs, très longs, file à la cuisine en grommelant. Elle dit au petit de nous mettre un tapis sur le tapis. On s'installe. Thé ladakhi au beurre de Yak ... chaque fois que j'en bois on m'en ressert. Ils nous font aussi un délicieux thé indien au lait. La grand'mère va faire des chapatis et, pour cela, se lave les mains avec du savon, en se coinçant la louche d'eau entre la tête et l'épaule. Philippe dit qu'il faudrait qu'il essaye. Le garçon a un petit frère et une petite soeur au nez plein de morve. Je les prend allègrement en photo, en clair-obscur, parce que l'unique lumière vient du dehors par un trou rectangulaire au milieu de la pièce. Pour passer le temps je montre la carte au garçon qui est très intéressé. Je sors chercher le guide Artou . Ca ça lui plait ! Il le "lit" en entier, consciensieusement, en étudiant chaque page, chaque dessin et photo. Je crois que si j'avais eu d'autres livres, je lui en aurais laissés. Je le prends en photo. On nous sert les chapatis, qu'on mange poliement ... "mais ce n'est pas comme ça qu'on fait !" Il faut les tremper dans le thé au beurre ... délicieux, mais un peu lourd. J'en mange deux ou trois comme ça. Philippe paye. 50 rs parce qu'il n'a plus de petite monnaie. La grand'mère en est tout éberluée. C'est pas bien de faire çà ! On sort. On cherche dans nos sacs quelque chose pour les petits. On donne une barre de gourmandise à chacun. Le garçon a l'air déçu. On lui dit qu'on a donner des roupies à sa grand'mère. Je crois qu'il sourit. "Salut ! ". On reprend péniblement notre marche. Emplacement du camp dans le lit du torrent à 15h. On monte la tente, on s'installe pour écrire ... et il neige. Vers 18h, alors qu'il faisait presque nuit, ça s'arrête de neiger. Hop, on sort de la tente, on s'installe sur un gros rocher et on essaye de chauffer de l'eau ... Avec beaucoup de peine et de coup de pompe ça finit par marcher. Au menu, hachis parmentier et boeuf bourguignon et une pleine casserole de thé. Tout ça dans le vent, le kérozène ... finalement on mange sous la tente, bien au chaud. Après quelques petits propos de spéléo, dodo.
Réveil 6:15, départ 7:00! Un record car on a décidé de petit-déjeuner froid. Le musli est bien meilleur et on s'octroie une compote de pomme liophylisée qui s'avère excellente. 4 heures 1/2 pour monter au Konze La. La montée est superbe bien qu'il neigeotte et fasse froid, mais le soleil est là. Les bergeries du haut du vallon sont désertées. On ne reste pas longtemps au col (4870 m*) car le vent est glacial, mais la vue sur les environs de Lamayuru, le Nindam, le Tibet et le Fatu La est splendide. Tout apparaît très sec. On descend la vallée de la Ripchar jusqu'à Hinju où le poids des sacs a raison de nous, surtout de moi qui refuse de faire un pas de plus. Il est 16:00, on a marché 9 heures! On prend le thé dans une grande maison ladakhie, invité par notre hôte qui marchait dehors. La maison est immense, très belle de l'extérieur, 3 ou 4 étages dont certains s'adossent directement au roc. Pour accéder à la grande cuisine à l'un des étages, c'est un dédale de couloirs et escaliers sombres et étroits, on se croirait en spéléo. Le meuble de cuisine est l'un des plus beaux que l'on ait vus. La famille est installée pour diner -tsampa mélangée avec une purée de légumes verts mangée en boules avec bien sûr, chang et thé salé. On nous en propose, mais on se contente de notre thermos de thé sur notre petit tabouret, assis sur le tapis des invités pendant que tout le monde mange, aussi assis à terre. On nous propose un terrain près de la rivière pour 30 roupies. Le terrain est entouré d'arbrisseaux récemment plantés. La tente est mouillée, mais le vent la séche relativement vite. Frais et humide à cause de la rivière.
On change la rondelle de cuir du MSR, ainsi que la bille et le ressort de la valve, et le réchaud marche à merveille. Enfin! Soupe à la tomate (vraiment ce qu'on fait de mieux en guise de soupe), parmentier de poulet Décathlon et couscous Lyofal, thé.
Lundi 6/10

Camp 3
Konze La
Hinju
Je me réveille une première fois à 4h30, ... non, il fait décidement trop nuit pour se lever. J'attends 5h45 ... hop, hop, hop, vite fait avec du muesli froid et de l'eau .. pas de réchaud. On lève le camp à 7h. Montée lente et facile jusqu'au col où on arrive à midi. Tout ça sans pause. Il a neigeoté pendant toute la fin de la montée. J'avais la moustache gelée et froid à la main gauche malgré mes gants. De chaque côté de notre mamelon où l'on montait, les hauts pics enneigés sont pris dans le brouillard. Génial ! Et on arrive au col, bien venteux. Le col s'appelle le Konske La. De l'autre côté vue magnifique sur la vallée de Ripchar où l'on voit l'enfilade de vallées gauche-droite. Au fond, le Nindau que contourne l'Indus et devant lequel passe la route Leh-Lamaryuru-Kargil, ... et même qu'on voit la route avec les jumelles. Photo ! Salut Dundunchen La, que l'on voit tout gris dans le mauvais temps qui couvre toute la région à l'est.
    La descente du Konske La, ... facile. On a mangé des chapatis-fromage-saucisson sur un promontoire arrondi. Même que Philippe ne veut plus de chapatis depuis. Après, descente facile jusqu'à Hingu où Philippe a refusé de faire un pas de plus. Un père de famille nous a invités à boire le thé. On est monté dans sa haute maison. Il y avait deux grand-pères. Bonnes bouilles, mais question conversation, c'est pas ça. Un tout petit, 2-3 ans, près de la fenêtre (avec vitre), nous regardait, de loin. Je lui fais "coucou" de la main, sans réfléchir. Il me répond et en est très étonné. Après, il n'arrêtait pas de faire "Djulei" de la main. Les grands rigolaient et étaient contents. Pendant qu'on buvait et qu'on se servait notre thé d'une thermos, les grands mangeaient en trempant de la tsampa (with vegetables) dans leur bol (de thé ?). Ils nous en ont proposé, mais "no thank you ...". En fait on était crevés et on voulait se coucher. Philippe demande où on peut camper. -"Juste en face". -"How much ? "  -"25rs". Ils avaient même la monnaie pour 50 rs. Philippe lui en donne 30 ... -"It's for the tea also ...". -Très bien ! Et on va vers notre camp près du ruisseau. Et là ... on répare notre réchaud parce que Philippe a trouvé TOUTES les pièces de rechange. Même le cuir ! Et ça marche du tonnerre. Festin de roi : Parmentier de Poulet, Couscou, Soupe de Tomate et Thé. C'eût été parfait si je ne m'étais pas brulé la langue tellement c'était bon ! Après, écriture ... mais j'ai tellement mal partout, couché, que ... bonne nuit.
Réveil 5:45, départ 7:00 après avoir avalé les deux dernières rations de musli, froid, vraiment meilleur que chaud, et compote de pommes. On continue de descendre la vallée jusqu'au confluent de la Yopola, marche rapide et agréable dans la fraicheur du
matin. La vallée est trop encaissée pour avoir du soleil à ces heures matinales. On passe les villages d'Urtsi et ses jardins fleuris, et de Panjila, calmes et agréables.
En arrivant à la Yopola, on rejoint l'itinéraire classique Padum-Lamayuru qui arrive en rive gauche. On retrouve aussi le soleil qui tape, et pour la première fois depuis le départ du trek, la route. Elle n'est pas encore goudronnée et on marche sur des gros cailloux et gravillons pendant un bon moment, en rive droite de la Yopola. Pénible. à l'école de Tarch, on traverse la Yopola croyant être arrivés à Wanla. On a du arriver en plein milieu de la récré, car les gamins déferlent pour nous renseigner et se faire prendre en photo. On arrive finalement à Wanla, qui s'il n'était pas entourré de montagnes arides surmontées de chortens, pourrait se trouver n'importe où en Himachal. Il y a une activité certaine et les gens s'affairent. On croise aussi des fonctionnaires allant au boulot, et même une vespa rutilante. On traverse finalement la riviére pour se diriger vers Shila que l'on dépasse et juste avant d'amorcer la montée au Prinkiti La, notre dernier col, et donc de quitter la rivière, on fait notre dernier arrêt toilette intégrale-lessive-déjeuner-soins au soleil de midi. Il était grand temps !
La géniale chemise L.L.Bean va au fond du sac à linge sale et n'en sortira qu'à Taipei. La fin du trek se fera en T-shirt. Raymond finit les chapatis vieux de 2 jours, et moi le pain de mie acheté à Leh 8 jours auparavant, ce qui n'est guère mieux, le tout accompagné des dernières mini-saucisses sèches italiennes. Je termine la boîte de Compeed (deuxième peau) car une ampoule apparaît aussi sur le coup de pied gauche. Les Koflach que j'ai appréciées pour quelques heures de montée au Konmaru La dans la neige ne m'ont pas été d'une grande utilité les 9 autres jours, mais maintenant je les jeterais volontiers dans le torrent pour avoir l'excuse de marcher en tennis. En plus les semelles intérieures se sont usées de manière inégale, et bonjour la plante des pieds!
La montée du Prinkiti La, c'est un autre monde, ambiance des paysages sud tunisiens que l'on voit dans "Le Patient anglais" ou "Les Compagnons de l'arche perdue". Une gorge très étroite et aride aux parois abruptes et recouvertes d'une sorte de boue séchée que l'on pensait monter en une petite heure. On croise deux palefreniers qui reviennent de Lamayuru, s'en retournant à Padum. Ils avaient accompagné un groupe de Hollandais. On discute avec eux pour un éventuel trek en 98 ou 99, ou même pour faire le Julam en hiver, car ils ont l'air d'être vraiment familiers avec toute la région du Zanskar. Leur adresse : Chawong Falgon - s/o Nawong Dorjaj - r/o Kumik Zanskar - Dist. Kargil - p.o. Padum, JK, India
n fait il nous faudra le double de temps car ça n'en finit pas, à chaque méandre, il y en a encore un autre derrière qui continue à monter. Peu avant le sommet, en plein milieu du canyon, il y a encore un cadavre de cheval, desseché, la tête d'un côté, le corps de l'autre. Pas de putréfaction, mais on ne s'y attarde pas car l'odeur ajoute à l'angoisse du lieu. Enfin apparaissent les drapeaux à prière tendus au travers du col, et avec eux on découvre le paysage hallucinant de l'autre côté. On s'attendait à surplomber la gompa, en fait on surplombe un immense désert hérissé de montagnes acérées et de dunes pétrifiées dans une luminosité de couchant hélas assombrie par les nuages. Dommage! On rejoint le plat et on descend dans le fond d'une gorge en compagnie d'un troupeau de moutons. Finalement la gompa apparaît et le village de Lamayuru.
Contrairement à toute attente, la gompa nous domine et le chemin à travers les cultures qui y mène est raide ! Il y a même une route goudronnée à nos pieds et des camions crachant une fumée noire que l'on s'empresse de quitter et de monter à la gompa à travers champs. Un moine en doudoune orange et parlant un super anglais nous acceuille, et nous propose de nous installer en plein milieu de la place de l'hotel du monastère, désert à cette époque de l'année (évidemment Lamayuru fait partie de la secte des Bonnets Orange). C'est plus propre de dormir sur la terre de la cour que dans les chambres nous dit-il ! On installe le camp, entourré de moines et de gamins qui ne perdent pas un de nos gestes. Les moments forts sont l'allumage du réchaud et le séchage de la tente que l'on peut promener dans les airs puisqu'elle auto-porteuse. Le froid, puis la nuit tombante auront assez vite raison de nos spectateurs. Café (beurk), pâtes Knorr, soupe aux légumes (beurk), thé. En guise de promenade digestive, on se contente de monter sur le toit de l'hôtel en faisant attention de ne pas tomber des échelles toutes plus instables les unes que les autres pour admirer le Fatu La aux jumelles et les camions qui montent le versant nord à moins de 5 km/h. Mais il y en a assez peu car la route est à nouveau ouverte depuis aujourd'hui. Le Zoji La menant à Srinagar avait été fermé après les chutes de neige de la semaine dernière. On apprend aussi que cette route est ouverte toute l'année, c'est le lien stratégique du Ladakh au Cachemire et les militaires s'en chargent. Notre camp est poussiéreux, mais à l'abri du bruit et du vent, et pour la première fois loin d'une rivière ou d'un torrent.
Mardi 7/10

Hinju
Prinkiti La
Lamayuru
Je me réveille à 4h30, lever à 5h45 ... départ à 7h. On longe le Ripcharpar des chemins très agréables avec arbres et verdure. Pas de montée ni de descentes. Des gorges des fois serrées. On passe à Urtzi, Penjilia. On croit être à Wanla alors que c'est Tarch où un groupe d'écoliers en rouge bordeau nous interpellent par "Pen !, Pen !". Des stylos ... avec quoi j'écrirais ... (comme quoi fallait en emporter des kilos ... sans exagérer ...). Je leur fais la photo de classe : -"Address ..." Ils veulent que je la leur envoie. -"Ok". Ils m'épellent cent fois le nom du patelin, mais je ne comprends rien du tout. Enfin un accepte de prendre mon stylo et d'écrire TARCH sur mon carnet (je leur ai effectivement envoyé la photo, mais ne sais toujours pas si elle est arrivée). On retraverse le pont que nous n'aurions pas dû prendre ety continuons notre chemin sur la route de qui va de Panijla à Wanla. Je reprends une photo de l'école avec les enfants dans la cour qui nous saluent. On avance bon train. La route longe le gros torrent Yapola. Enfin Wanla où l'on croise de svélos et une Vespa. Y'a même une échoppe où Philippe voudrait acheter de la crême à raser ... mais ils ne connaissent pas. Deux beaux chortens blancs immaculés nous ouvrent la voie vers Shilla. On remonte la rivière très large sur fond de galets. Un chorten nous indique la vallée qui conduit à Prinkiti La. On se lave entièrement dans le torrent. J'y vais jusqu'au cou. Philippe se lave même la tête. Lunch : moi, chapati-fromage-saucisse, Philippe, les miettes de vieux pain ! Belle pause de 12h à 13h15. On quitte la vallée bien endiguée et arrosée pour remonter ce cañon hyper-méga-sec qui mêne au Prinkiti La. Génial comme ambiance. Que des cailloux et de la terre. On voit que par jour d'orage il doit descendre des torrents de boue. Il y en a sur des mètres de haut de chaque côté sur les rochers. Et ça n'en finit plus. Virage à gauche, virage à droite. Virage à gauche, virage à droite. On a dû en enfiler des centaines comme ça. Très long, mais pas très pénible. Parce que pas très pentu. Sauf la fin qui est un peu plus raide, sur 200 m, avec un cheval mort ... J'en avais quand même marre.
    En face, paysage immense ... tout d'une même couleur, avec des plateaux et de beaux arrondis. Sur l'immense plateau qui pourrait servir de piste d'atterrissage à un porte-avion, ... une caravane de yaks ! Magnifique ! Comme au cinéma. On descend sans problème. J'oubliais, pendant la montée au col, on a rencontré trois chevaux et deux bonshommes qui avaient fait Padum-Lamayuru avec quatre hollandais. Philippe discute pour un trek l'année prochaine.
    Avant Lamayuru, on laisse passer un troupeau de moutons. A un virage ... Lamayuru. Faut dire qu'on est décus par la vue. Le site est magnifique, mais on s'attendait à trop. En face, la route ... toute droite. Lamayuru est de l'autre côté de la rivière ... très haut ! Et il faut y aller. C'est la dernière corvée et j'en ai vraiment marre dans la montée au monastère. Philippe voudrait bien couper, mais l'eau est vraiment trop dégueu. On monte dans la décharge en passant à côté de ch... du monastère. Nature ...! Les gens ne s'intéressent pas tellement à nous. Ca parait désert. Finalement un moine avec chignon et lunettes de soleil me dit qu'on peut camper sur ... la place du village. "No problem ! ". Il y a même de l'eau. En fait on campe sur la place de l'hôtel du monastère. Plein d'enfants autour de nous bien sûr. Très agréable quand même, cet endroit. Et on peut s'assoir sous la véranda, sur le rebord ... et pas parterre ..! Le réchaud marche du feu de dieu. On s'enfile de délicieuses pâtes carbonara, une soupe de végétaux, du café et du thé. Tout est calme, sauf le ronronnement des génératrices. Sous la tente, on écrit. Demain matin, visite du monastère et en route pour Alchi
Lever 6:15. Au menu du petit-déjeuner : hachi parmentier, compote de pommes, thé. Un évènement: on plie une tente sèche, poussièreuse peut-être mais sèche. Visite rapide du monastère, avec quelqu'un qui visiblement s'occupe de l'entretien et qui nous fournit quelques expilcations. L'entretien est des plus sommaires. Étonnant pour une des plus anciennes (XI ième) mais aussi l'une des plus importantes gompa du Ladakh. Les fresques murales du Bouddha et les manuscrits de prière sont intéressants.
On ne s'attarde pas et fonce sur la route pour le départ du bus à 9:30. Évidemment on fait un détour dingue, car on loupe le raccourci qui monte directement aux 2 échoppes-café qui tiennent lieu de station de bus, mais le bus n'arrive qu'à 10:00 ce qui nous permet de discuter avec les Hollandais arrivés hier aussi à Lamayuru. On décide de prendre le bus jusqu'à Leh et de revenir en arrière pour visiter le monastère d'Alchi, à mis chemin entre Lamayuru et Leh, mais on n'a pas tellement envie de marcher plusieurs kilomètres sur le goudron entre la route principale et Alchi.
On apprend que les Pakistanais ont bombardé l'école de Kargil 7 ou 8 jours auparavant, 15 morts, une trentaine de blessés évacués par hélicoptère sur Srinagar ! Les Hollandais, après qqs jours de trek avaient voulu faire demi-tour car ils trouvaient ça trop difficile, mais entendant le bruits des canons, qui s'est poursuivi pendant plusieurs jours, ils ont renoncé et poursuivi leur trek. Ils nous racontèrent aussi qu'un soir ils se trompèrent de chemin, mais les deux palefreniers étant devant avec tout le matériel de bivouac et la nourriture, ils s'étaient fait héberger par une famille ladakhie. Ils ont trouvé le trek difficile à cause de l'altitude, du rythme et du froid !
Le bus (1ère classe de luxe, paraît-il) est déjà bondé mais on trouve de la place pour une dizaine de personnes, après avoir attaché les rucks sur la galerie. Raymond est au fond coincé entre 2 Ladakhis au bonnet enfoncé sur les yeux. Outre un touriste japonais en veste de peau, les 4 Hollandais et nous, les passagers sont en majorité du Ladakh ou du Zanskar, des musulmans du Cachemire aussi. Je suis assis derrière la cabine du chauffeur, qui est vitrée et fermée par une porte dans les bus indiens, sur le couvercle de ce qui doit être la boîte de vitesse, perpendiculairement à la direction de parcours! Bref, le confort est relatif. La descente de 1000 mètres jusqu'a la vallée de l'Indus est toujours aussi impressionante. En revenenant de Srinagar après le pélerinage d'Amarnath en 89, je l'avais faite juché sur des bidons d'essence dans la ridelle d'un camion. On s'arrête pour la pause repas à Khalsi, premier bourg dans la vallée où tout le trafic fait un arrêt. On se restaure de dal, patates, riz, thé au lait sur la terrasse du café au milieu de l'agitation de la rue. Plus loin, embouteillage monstre dans une série de virages, causé par un convoi militaire montant et un convoi descendant! C'est notre chauffeur de bus qui résoudra le problème en faisant la circulation ! On y reste bien 45 minutes! On longe un nombre incroyable d'immenses camps militaires, car la ligne de cesser le feu est parfois très proche. Elle est à 10 km à Kargil ! Il y a plus d'un million de militaires indiens dans l'état du Jammu et Cachemire dans lequel nous sommes.
Après que plusieurs passagers se soient lassés de la lecture du Coran -un jeune cachemiri en avait à un moment tiré quelques exemplaires d'un sac et distribué à la ronde- je continue une discussion entamée au début du trajet avec un musulman de Srinagar qui passe la moitié de son temps à Leh, l'autre moitié à Srinagar où se trouve sa femme et ses enfants. Il nous fait admirer ses vêtements - fourrure polaire dernier cri - achetés en France, d'où il revient et où il a laissé sa petite amie, une française qui veut l'épouser. Devenir en toute connaissance de cause sa deuxième femme donc, pour preuve j'en ai une lettre de la dulcinée en question qu'il me montre et dont je lui traduis quelques passages écrits en français. Essentiellement notre discussion tourne autour de Dieu. C'est Dieu qui fait les montagnes, les étoiles, décide qui aura un cancer, si l'enfant à naître aura les yeux noir, vert ou le nez droit. Je lui démonte un à un tous ses arguments. Apparemment il n'a jamais entendu parler de Gondwana, que l'Inde à collusioné l'Asie, rentre sous la plaque et la collision a engendré l'Himalaya qui s'élève de plus en plus. Jamais entendu parler de Dolly et du clonage. à chaque explication de ma part, il explique à la cantonade ce que lui est dit sur le ton de la rigolade et tout ça apporte une super ambiance dans le bus.
On arrive enfin à Leh vers 15:30, après 6 heures de voyage. Les montagnes alentour, qui étaient gris ocre en partant ont maintenant une allure nettement hivernale et des nuages menacent. On retrouve Deleix Guesthouse et notre chambre. En notre absence, nos hotes ont terminé le salon de leur seconde maison, celle dans laquelle ils habitent, une machine à laver le linge trône le long du mur. Tashi vient à 17:00.
Mercredi 8/10

Lamayuru
Leh
Ben non ! Pas pour Alchi, mais pour Leh ! Lever à 6h15. On se prépare tranquille. Plus de muesli, va pour le hachis parmentier, compote de pomme et thé. Visite du monastère : ça surprend ! En plus en chaussettes blanches. On bâcle la visite et on se casse pour être à l'heure à l'arrêt de bus. En faisant un grand détour, c'est-à-dire en suivant bêtement la route au lieu de prendre le chemin direct derrière le monastère. On arrive à l'arrêt de bus où attendent déjà les quatre Hollandais dont nous avions rencontré les horseman la veille. Le temps d'acheter des chocolats, le bus arrive. On se dépêche de mettre les sacs sur le toit. Toutes les places sont occupées. J'aimerais bien me mettre devant avec les autres mais c'est apparamment exclu. Un jeune homme à l'arrière me laisse son siège. J'y suis bien finalement ... je regarde le paysage. Et c'est parti pour six heures de route, et de bouchon. En effet, l'armée indienne faisant des aller-retours fait de beaux bouchons dans une belle pagaye. Heureusement que notre chauffeur édenté est là pour tout remettre dans l'ordre.
    Nous arrivons à Leh à 15h. On traverse à pied l'immense marché que nous n'avions d'ailleurs pas encore vu. A l'hotel on réintègre notre ancienne chambre. Lessive, rangement et lavage. Tashi vient nous voir à 17h. Il n'a pas de sous pour nous remmbourser ce qu'on a payé en trop. Mais nous dit qu'il viendra demain avec un taxi pour aller visiter ... enfin .. Alchi.
    Le soir, diner copieux au Tibetan Friends Corner Retaurant. On a bouffé comme des affamés.
Narendra Shah, No.11 Ashwin Society, Ahmedabad 380007, tel: (079) 413038

Dîner dans un resto tibétain avec Tashi qui se lamente complètement sur son sort. Comportement d'autant plus surprenant qu'à chacune de nos rencontres il était enjoué et souriant, à l'opposé de ce soir : 200 roupies par mois et par enfant à payer pour l'école privée, des frais d'hélicoptère astronomiques pour faire venir sa mère malade à Leh, pas de travail pendant l'hiver. Surprise totale ! Il est tellement différent qu'il est difficilement crédible. Mohamed (du bus Lamayuru-Leh) s'est marié pour que ces enfants s'occupent de lui quand il sera vieux, alors que Tashi, lui s'est marié pour que sa femme s'occupe de sa mère!
Tashi Gonbo, Village Hunker, B.P.O. Leh, Box 153, Dist Leh-Ladakh 19401, J&K

Jeudi 9/10

Alchi
    Bonne nuit et réveil tranquille à 8h. Petit déjeuner délicieux au Guest House. Du thé avec des galettes style chapati mais plus épaisses et avec un bord. Avec de la confiture de mirabelle ... en regardant le télé. Les infos sur les bombardements à Kargil par les Pakistanais ... : c'est toujours pareil dans ces pays, la propagande à la télé "un pays jeune, armé, dynamique avec plein d'enfants bien habillés qui courent dans les champs".
    Tashi vient nous chercher à 9h30 pendant que Philippe est allé chez Gipsy World pour reconfirmer les billets. On se retrouve tous devant Gipsys. Philipe étant en train de courir après l'agent de voyage parce qu'il lui avait laissé nos billet et nos passeports.
    Nous voyageons vers Alchi dans une Tata bien foutue. Photo du Zanskar. Visite du monastère en compagnied'un indien d'une soixantaine d'années. On déjeune sur place dans un jardin à côté de la maison du roi d'Alchi ... assez délabrée, la maison, mais très belle, à prendre en photo. On se gave d'abricots séchés. Retour avec l'indien qui nous complimente sur notre amour de l'Inde et du trekking. Il donne son adresse à Philippe et descend à Saspol pour continuer sa visite du Ladakh qu'il adore. Il est de ...bad ?
    Arrivés à Alchi on passe à la banque où le guichetier me dit qu'elle est fermée, qu'il faut venir de 10h à 14h. Tant pis pour lui, Tashi nous conduit dans un magasin de souvenirs où ils changent aussi avec papier officiel (100$ pour 3565 rs). La dame ne savait pas compter parce qu'il manquait 200 rs. Philippe es à la recherche d'un pot à Tsampa ! On laisse Tashi pour le retrouver au resto à 18h30. Là il nous fait le coup du pauvre ladakhi sans avenir qui a besoin d'un sponsor pour ses enfants. Ca énerve Philippe.
    Une fois couchés, on lit, quelques Indian news, puis je roupille jusqu'à 7h45, d'une traite. Et j'ai faim.
On s'aperçoit que le ressort de mon 50 mm est mou et que l'objectif se ferme trop lentement, les photos seront probablement surexposées pour la plupart ! J'avais remarqué quelques jours auparavant que le bouton de profondeur de champ ne fonctionnait plus normalement. J'aurais du vérifier l'appareil tout de suite évidemment. Maintenant c'est trop tard. Effectivement, un courrier électronique de Raymondconfirmera le désastre.
Visite du palais de Leh (Leh Chan Palkar). Soir : resto tibétain classe, Amdo, l'un des seuls ouverts car ce soir c'est la fête à laquelle nous allons ensuite : danses tibétaines à la salle des fêtes, à côté du terrain de polo dans cette partie de la ville complètement plongée dans l'obscurité, tout comme le bazar d'ailleurs que l'on traverse à la frontale.
Vendredi 10/10

Leh
    Veille de départ. On passe à Gipsy pour qu'ils nous redonnent nos billets confirmés. Il le fait devant nous, par téléphone. Je téléphone à la maison. Sophie décroche : "Maman dépèche-toi, c'est papa ! " -"Tout va bien, j'arrive demain à 12h. Gros bisous." ... 60 rs, ce qui fait 10F. J'aurais pu parler plus ! Tout est donc règlé. On visite le palace, et l'après midi, le marché. A midi on a mangé délicieusement chez le cachemiri Ibex. Du mouton au yaourt, délicieux, Philippe avec sauce piquante. Avec huit roties, des pains. On en a pour 270 rs. Et en plus ça se digère bien. Faut dire que j'en ai avalé ... avec une bière ... ça faisait longtemps. Le soir, les tibétains sont encore à la fête. On mange au Amdo Café : le grand luxe. Des miroirs partout, ça brille et y a plein de lampions. C'était bien bon et pas plus cher qu'ailleurs, 179 rs.  Philippe fait réparer son réveil ... il suffisait que l'horloger lui enlève et remette la pile ... dire qu'on a fait cinq magasins pour ça.
Lever 5:30- à 6:15 nous sommes en face de la "Boulangerie allemande" et nous attendons notre taxi pour l'aéroport. Il est là vers 6:30 comme prévu -100 Rs.-
Départ 8:30, vol IC 430 pour Srinagar, arrivée 9:15. Innombrables fouilles de police.
Départ 12:45, vol IC 422 pour Delhi, arrivée 15:00 avec escale à Jammu. On reste dans l'avion. à Delhi on va en ville, mais c'est le festival de Dusserah et tout est fermé. On trouve tout de même un resto d'Inde du sud pour des massala dosa.
Samedi 11/10

Leh
Srinagar
Jammu
Delhi
   Dodo très agité, on attend l'heure de départ. Lever à 5h45. Il fait à peine jour. On fait les sacs, se brosse les dents et en route. Des taxis, il y en a plein qui ne demandent qu'à nous emmener à l'aéroport. Mais comme on avait convenu d'un rendez-vous devant le German Bakery avec un taxi bleu, qu'on avait même payé une avance de 20 rs sur les 100 que coûte la course. Il est là, à l'heure. Nous voilà à l'aéroport où on poireaute jusqu'à 9h parce que l'avion a du retard. Contrôle, contrôle. Dans l'avion on s'engueule presque avec un mec, lunettes de soleil sur le front, parce qu'un autre avait pris notre siège et qui lui dit que c'est pas grave ... "De quoi je me mêle", lui dit Philippe. Bref, on vole, au dessus des nuages qui couvrent toute la région. On voit quand même le Nunkun et son glacier. A Srinagar, on est fouillé cinq fois. On nous démonte même les batterie de nos apareils photos. Ils nous les rendront à Delhi. Escale à Jammu pendant 30'. Rien vu de spécial pendant le vol. Arrivée à Delhi à l'heure. On récupère nos sacs et en route pour l'aéroport international. Un taxi nous propose 250 rs. Philippe va acheter un billet officiel qu'il paye 300 rs. A l'international on erre comme des malades pour trouver le "left lugage" qu'ils ont caché à l'écart de l'aéroport. Ça nous coûte 40 rs de laisser nos deux sacs. Le gars "oublie" de me rendre la monnaie de 100 rs. En revenant vers l'aéroport, un vieux nous dit que son bus va à Congress Place moyennant la somme de 60 rs pour les deux. Parfait. Je refais un tour à la consigne pour voir si je peux récupérer ma monnaie mais le gars m'affirme avoir donné la monnaie en même temps que le billet à Philippe. Tant pis pour nous. Retour au bus qui démarre. Et pour aller en ville il repasse par ... le Domestic Airport d'où nous venions ...  Super, dans ce bus on profite du vent, on va assez vite et c'est fou la circulation . A Congress Place y a vraiment pas grand'chose à voir. Je suis déçu sur toute la ligne. C'est dû au fait qu'il y a une fête quelconque dit Philippe. Bref, pas de magasins, au café, service déplorable, impossible de s'assoir dans le parc sans être embêté toutes les 30s par les cireurs de chaussures, qui veulent absoluement recoller le devant de mes semmelles ... non mais ! Ca fait des années qu'elles sont comme ça, y a pas de raison. En fait, pour 2 rs j'aurais eu la paix. On trouve quand même quelque chose pour François, un beau jeu d'echec, et Philippe des cravattes éléphants et chameaux. Où est-ce qu'on mange ? Philippe se rappelle vaguement avoir très bien mangé ... au 62 sur la carte du routard ! En fait c'est un snack ! Massala bousai, sorte de crêpes fourrées avec de spommes de terre sautées. C'est bon, mais on n'y passe pas la soirée. Comme on s'emmerde on décide de rentrer à l'aéroport. On demande à un Rickcho qui nous propose la course pour 120 rs. C'est dément, dans ce truc délirant à trois roues, pétaradant, où on croit y rester toutes les 10''. On se demande pourquoi ils sont pressés comme ça. En route, le chauffeur achête cigarettes et essence. 68 rs les 3 litres, il me semble. Cher ! Mais je ne suis pas sûr. Arrivés à l'aéroport, je lui donne tout ce qui nous reste, 140 rs. Il est content.
    C'est l'heure pour Philippe. Faut qu'on paye 750 rs de departure chacun. Il me manque 20 rs. Je fais la queue à la banque pour changer 20$. A un gars qui veut me dépasser pour changer sa liasse de rs, je propose 2$ pour 60 rs. Ok. On liquide ainsi nos derniers rs. Pile poil. Il ne m'en reste plus que 2 que je donne à l'homme pipi. A 2h j'embarque. Salut.
Dimanche 12/10

Delhi - Francfort - Strasbourg (Raymond)
Delhi - Hong-Kong - Taipei (Philippe)