Philippe
 
Raymond
Lever 6:00. Isabelle et Sophie nous accompagnent en voiture place de la gare pour le départ du car Lufthansa à 8:00, arrivée à l'aéroport de Francfort 3 heures plus tard. Départ du vol LH 760 à 13:20.
Mercredi 24 septembre
Strasbourg-Francfort
Arrivée 0:40 à l'aéroport international Indira Gandhi. On change des dollars au bureau de change ouvert 24 heures sur 24, puis on prend la navette gratuite pour le terminal des lignes intérieures, qui utilise les même pistes, mais qui est cependant situé à une dizaine de kilomètres. Tout est fermé, impossible de boire le moindre thé ! On s'installe pour la courte nuit sur les chaises en
plastique et sur le rhino mais c'est tout aussi inconfortable (un immense sac cylindrique qui contient toutes mes affaires, y compris mon sac à dos, pratiquement importable vu l'encombrement mais il protège efficacement le ruck dans les soutes
d'avion).
Départ 6:40, vol IC 431 pour Leh, arrivée 7:55. Le 737 qui n'est pas de toute première jeunesse, est aux 3/4 vide (cela, parait-il, pour pouvoir redécoller de Leh qui est à 3500 mètres, sinon il serait trop lourd). Vue superbe de l'Himalaya que l'on survole. Puis le Ladakh, reliefs ocres avec d'étroits vallons verdoyants ! Un tracteur vient chercher les bagages à l'aéroport de Leh. Puis on remplit un formulaire et un taxi -une Gipsy Suzuki- nous emmène à notre guesthouse, Dhelex Hotel, adresse du
Routard : "...simple, mais patron formidable et d'une rare serviabilité, panorama splendide sur la montagne, chambres propres, très bon marché..." Sur un chemin qui serpente le long de la rivière, c'est une bonne adresse en effet, maison ladakhie traditionnelle en pierre, crépi et boiseries, jardin sauvage et fleuri, potager, et une vache.
Jeudi 25 septembre 
Leh
 14h. 
On vient de faire la sieste. 
Il faut :
     aller à Gipsy World 
     liver le cadeau de Marie-Paule 
     acheter de l'essence, une gamelle   et une bouilloire. 
     confirmer les vols. 

Nous sommes au Delex Guest House, 150rp / jour. 
Chez Gipsy world on peut, parait-il envoyer un e-mail (100 rs) mais il y a souvent des pannes de courant. 

 Vendredi 26 septembre
Leh
    Le français du Guest House nous dit que c'est partiquement impossible de faire Kargil-Padum, Padum-Lamayuru. On est trop tard en saison. Lui préfère de loin le faire avec un horseman. 
    On a dormi de 20h à 7h. J'ai repris une aspirine à 2h. Ca va presque mieux ce matin, mais je sens que ce n'est pas la grande forme. Si je ne bouge pas c'est bon. 
    Pour la salle de bain, il aurait fallu emporter une raclette pour pouvoir enlever l'eau par terre. Philippe s'est lavé à l'indienne, au seau ... évidemment ça ne s'écoule pas. Philippe l'a dit à la Ladakhi qui fait le ménage ; elle n'avait pas l'air contente, ... finalement elle a lavé cette salle de bain, mais pas l'autre. 

    L'apres midi on est monté au palais au dessus de Leh. Redescendu par la vallée. 
 

Samedi 27 septembre
Leh
On s'est finalement mis d'accord avec Tashi Gombo pour le trek de Hemis à Sangtha, retour par la route
de Manali-Leh. Il nous faut trois chevaux, 170 rs/jour/cheval. Pour 11 jours de marche + 4 jours de
retour pour les chevaux, ça nous fait 15x170x3 = 7650rs. On a déjà donné 6000 rs à Taashi. Les 1650 restants au retour à Leh. 
    Il nous cherchera en taxi dimanche matin à 7:30, nous emmènera à Martselang (près de Hemis), le temps de dire bonjour au horseman et on  y  va. 

    J'ai encore pris une aspirine cette nuit à 2h. Je vais très bien ce matin. Commission, lavé et rasé. 

     On compte environ 6rs pour 1F. Avec les prix ici  ... il suffit de compter en francs comme si on était en France. Le repas est à 111rs (20F) ce qui est le prix en France (111F). 

... samedi midi. 
    On vient de faire toutes les courses (500Rs). C'est cher à cause du fromage et des soupes Maggi. Les cartes postales sont écrites (labo, maison, etc.,) il y en a 25 ! 
    C'est pas la grande forme. J'espère pouvoir passer le col mardi. Après fastoche. Mon pouls est à 80 / minute. 

... samedi soir. 
    On fait les sacs. C'est évidemment le bordel. Philippe veut tout garder sur son dos au cas où on perdrait les chevaux ! 
 

Départ de Leh à 7:30, du trek à 9:30, arrivée à 12:30.
Le hameau a trois ou quatre fermes espacées de 200 mètres chacune. On plante les tentes, la nôtre et celle de Tapkas, dans un
champ à étage moissonné, au bord d'une terrasse, au milieu de cette vallée encaissée. On a une vue superbe à la fois en amont
et en aval et sur les montagnes grises et ocres, quelques arbres formant des taches vert tendre sur les berges et les parois,
soufflés pas les vents. Quelques nuages épars passent, très haut. Pour seuls bruits, le vent, les buses et les cloches des animaux.
On dîne à 14:00 : dal, carottes et riz et soupe à la tomate en paquet. Tapkas et un gamin de l'une des fermes partagent notre repas. À la ferme du dessus, trois femmes trient de l'orge à l'extérieur, avec le vent comme élément moteur. Elles se baissent pour remplir une bassine de grains puis se relèvent et versent lentement le contenu à terre. Le vent fait le reste. Une autre femme ratisse pour récupérer la paille tombée plus loin dans laquelle il reste quelques grains récupérables. On soigne aussi la mère du gamin. Elle paraît très agée tant sa peau est burinée et ridée, mais ne l'est probablement pas car elle n'arrête pas de s'activer dans tous les sens, comme toutes les femmes ladakhie d'ailleurs. On lui lave le doigt au savon, puis lui met de l'éosine sur sa coupure due à la faux sans doute. Au repas du soir dans sa ferme, on lui refait son pansement. Elle nous offre du thé salé au beurre de yak, du fromage frais et de la tsampa. Excellent, mais il ne faut pas trop regarder les conditions d'hygiéne. Il fait nuit et on retourne à notre tente pour se coucher. Quant à Tapkas, il reste là.
Vers minuit, on est réveillé en sursaut par les ânes qui se font un plaisir de finir notre repas du soir et qui commencent à
s'intéresser à notre réserve (le rhino). Le temps d'enfiler un slip, je rejoins Raymond dehors qui, lui dort tout habillé, donc a une seconde d'avance. Nous voila donc pieds nus, en pleine nuit dans la vallée ventée en train de tirer les ânes par leur corde, les pousser pour les faire sortir de la tente de Tapkas et déplacer le piquet où ils sont attachés. Ça ne sert à rien de tenter de les désemmeler de leur corde, ils se remettent les pieds dedans aussitôt. On les attache loin de la tente, puis on se lave dans la
ruisseau d'irrigation en contrebas. À peine endormis à nouveau, vers 1:30 nouveau réveil, musical cette fois. Tapkas et son pote sont de retour à la tente et chantent. La bouteille de biére d'orge n'est sûrement pas loin ..
Dimanche 28 septembre Leh-Hemis-Chang Sumdo
    Lever 6:30. Ok. On est prêt, on  attend le petit déjeuner qui vient à 7:30. Très bon. Du thé et des chapatis avec de la confiture de mirabelle. Tashi vient à 7:35 avec le taxi.On va sans problème jusqu'à Martzelang où on attend le horseman Tapkas qui vient à 9:30. Présentations, il est sympa... On lui laisse les sacs. On paye le taxi à Tashi, 715rs et  50 de pourboire. Salut ! On le rappelle si on a un problème... mais il a oublié de nous donner son numéro de téléphone ! On marche devant. Tapkas nous rattrappe juste avant Shang-Sumdo où nous montons nos tentes à 12:30. Après, Grande Cuisine ! Carottes, radis, lentilles et riz. Tapkas fait ça super ... avec des petits oignons qui reviennent dans l'huile. 

    On a oublié les guêtres, le podomètre et l'altimètre. Et les oignons et l'huile, ... mais Tapkas en a. 

    Tapkas nous explique la route (qu'on ne fera jamais d'ailleurs): 

        1. 28/9 Martzelang 
        2. 29/9 Shang-Sumdo 
        3. 30/9 Hankar 
        4. 1/10 Langhanchan 
        5. 2/10 Sorra 
        6. 3/10 Dat 
        7. 4/10 Lungma-che 
        8. 5/10 Sangtha 

    On passe donc l'après-midi là. On ne s'est pas ennuyé : les moissons, ou plutot comment elles séparent le grain de l'ivraie. Belles photos ! 
    Et docteur Philippe : ... la bonne femme de la maison juste au dessus de nous m'avait déjà montré le
bout de nylon (de sac platique) qu'elle avait enroulé autour de son doigt. Je n'avais pas compris ce qu'elle
voulait. En fait elle s'est tailladé le petit doigt, ... il n'est pas beau du tout, je me demande même s'il n'est
pas déjà enflé. J'appelle Philippe qui sort les pharmacies ... tout le monde se précipite pour voir. Je prends
les 2 pharmacies pour les poser ailleurs et on oblige la dame à d'abord se laver consciensieusement les
mains au ruisseau. Et le petit doigt. Après Philippe lui met de l'éosine et de la gaze, et lui dit de revenir
dans une heure. 
    Une heure après, plutot que de l'attendre, on  y va. Elle nous invite dans sa maison. Il est déjà 5 h
passé et évidemment on  n'y voit pas grand'chose dans sa pièce. Mais c'est pas mal. Comme toujours
avec plein de casseroles et un poèle décoré. elle a même une lumière électrique au plafond, ... symbolique.
Et  une radio qu'elle nous met en marche 10 s. On s'assied, elle s'affaire à son four et nous fait du thé ... au beure rance. Ca va, ca me rappelle les fermes dans les Vosges quand j'était petit. On a même droit au fromage blanc de yak avec de la farine, la tsampa. C'est bon. Et le lendemain je n'ai pas de contre-coup. 
    On lui refait son pansement et en profitons pour sortir, sans finir nos tasses... Moi, poliment j'avais fini
la mienne mais elle m'en avait resservi.
   "Good night ! " ... nous a va se coucher. Mais quelle folle nuit : Philippe se met du baume du tigre que
j'en ai les yeux qui piquent. Les ânes viennent finir la gamelle de riz dans la tente de Tapkas qui est chez ses copains. Bref on se releve en slip et on cloue ces ânes un peu plus loin. Apres ça, on se lave les mains dans l'eau glacée du ruisseau et Philippe les pieds. Vers 1 heure Tapkas fait du tapage nocturne. A 2 heures c'est les voisins d'au dessus qui poursuivent leurs vaches. 

Lever 5:30, départ 7:00.
Avant de partir on est obligé de courrir partout après Tapkas qui en fait bricole dans la ferme en amont. On manque de se faire bouffer les mollets par les molosses de la ferme. On paye 20 roupies pour le camping et on part sous le soleil, mais il fait assez
frais néanmoins, un régal pour marcher. On attend Tapkas pendant 3 heures peu après le village de Chogdo, ayant décidé qu'il était inutile d'aller plus loin sans savoir pourquoi il n'arrivait pas. On a le temps d'explorer les environs ! Il arrive finalement juché sur un cheval, tout au moins c'est ainsi qu'on le voit aux jumelles. Mais dès qu'il nous voit il descend de cheval ! Sur un autre ô
stupeur : le bidon de kérosène arrimé avec le sac à dos de Raymond, brinqueballant au pas du cheval ! Le bidon n'étant pas fermé correctement, le sac à dos empeste le kérosène. Pour Tapkas ça ne semble pas un problème, il vit dans cette odeur.
Mouflons dans la montée à flan de montagne au milieu d'un dédale d'énormes blocs de rocher, chemin que j'avais descendu dans le torrent en faisant la Markha dans l'autre sens en 1988. Reminiscence d'un bon bain (avec sac à dos, en loupant une prise). Superbes couleurs dans la montagne. Vallée étroite et raide. Plusieurs cadavres de chevaux en contrebas.
On installe le camp à 4800 mètres, juste en dessous du Konmaru La. Dès que la tente est montée, il se met à neiger. Raymond se couche, mal des hauteurs. Tapkas a déjà préparé des chapatis et du thé, mais impossible de faire ingurgiter quoi que ce soit à Raymond. Pâtes lyophilisées Knorr. Je prête mes tennis ainsi que des socquettes à Tapkas pour la montée du col dans la neige du lendemain, car ces mocassins de ville à semelle plate et qui commencent à s'ouvrir ne me semblent pas très adéquates. Il les gardera au pied pendant 48 heures, mouillées ... On imaginera sans peine l'état dans lequel je récupererai ces Nike air neuves! Plusieurs séjours dans l'eau de javel seront nécessaire pour venir à bout de l'odeur.
Il neige toute la nuit et Raymond se nourrit d'aspirine.
Lundi 29 septembre
Chang Sumdo-Camp 4800
 A 3h20 Tapkas veut nous reveiller ... 
Mais on continue à dormir et donc lui aussi. Jusqu'à 5h30 nous ça va. Tapkas et son qui dorment dans a
tente de coton ont l'air d'avoir eu froid.Tapkas n'a pas l'aire de vouloir démarrer. je lui dis de faire de l'eau
chaude ... ça dure. Philippe et moi nous sommes prêts à 7h. On cherche Ttapkas pour lui dire de ne pas
mettre le kérozène avec les sacs. Il est encore en train de trier du grain. Philippe et moi on se met en
route. Arrivée à 9h30 à Shumiro. On continue un  peu au dessus. Et on attend Tapkas jusqu'à ... je ne
sais plus mais ça dure.. 

Qu'en est-il de la forme ? Lentement, on monte lentement et j'ai un peu mal à la tête. Tout autour. Mais
c'est pas la casquette. 

Philippe veut absoluement monter et attendre Tapkas en haut. Mais on va se les geler parce qu'on n'a pas
nos affaires. Je fais un sitting en dessous des cheminées de fées. Philippe est parti se promener. J'y vais
aussi. A 13h il arrive enfin. Philippe a vainement essayé de l'engueuler. Premièrement pour le retard (que
c'était un mauvais horseman), deuxièmement pour le kérosène qui évidemment avait imbibé le sac de la
tente ... "et même qu'on allait dormir à la belle étoile parce qu'on ne peut pas dormir dans cette puanteur".
"Yes, yes". 
On avait compris qu'il était difficile de lui faire comprendre quelque chose. 

Et on commence la montée dans le lit de la rivière. C'est super, on monte doucement dans des gorges
brunes et vertes. On voit même des bouquetins. Je vais lentement. Ca commence à être long ... et enfin
on débouche sur le lieu du campement à 4800m ... je me dépêche pour me changer, pour mettre mallot de
corps, capilaine, pull, veste de duvet et veste GoreTex, et collant et pantalon de ski. Tout ce que j'ai quoi !
Ca me tue. Il faut que je me couche pour récupérer. Je me mets dans la tente, j'enlève mers chaussures,
enfin, j'essaye. Philippe m'enlève la deuxième, je m'écroule, ... et je dors. Philippe me réveille en sursaut
parce qu'il secoue la tente pour enlever la neige. Parce qu'il neige, bien sûr ! 
Philippe et Tapkas font des pâtes, pendant que je dors. Ils m'appellent pour mager mais je suis trop
exténué pour me lever. "Plus tard !" 
Une demi-heure après je me force quand même ... et c'est bon ces pâtes toutes-faites à l'italienne. Cinq
minutes de cuisson seulement. C'est certainement meilleurs que les lyophilisées que nous n'avons d'ailleurs
toujours pas goûtées. Je mange et me suns mieux. Espérons que la nuit sera bonne et que la forme sera là
demain. Ah oui, j'oubliais ... j'ai du enlever mon collant, j'étouffais ( si, on peut étouffer par là). 

Lever 5:30, départ 9:00, arrivée vers 16:00. Arrivée tôt en effet car la neige menace une fois de plus alors que toute la journée
a été superbement ensoleillée.

30 cm de neige au réveil, 50 juste sous le col gravi en 3 heures. Montée pénible car il faut pousser mules et chevaux, c'est raide et il faut faire la trace. L'un des chevaux s'arrête sans arrêt aux endroits les plus merdiques et de préférence perpendiculairement à la trace. Les ânes voyant ça n'avancent plus du tout. Ils ne craignent même pas le bâton de ski que je leur plante dans les parties charnues. Tapkas, qui trace, redescend 2 fois pour faire avancer le cheval rechignard. On continue à l'équiper : Raymond
lui passe ses lunettes de glaciers sinon c'est l'ophtalmie assurée, car la réverbération du soleil est intenable. Il lui avait déjà passé son pantalon de K-way au départ. 
Contents d'arriver au col mais déçus car la vue sur le Zanskar au nord, la chaîne principale de l'Himalaya, est bouchée. On rencontre un couple de trekeurs arrivé par le versent nord, et le temps d'une photo, d'une ration de fruits secs et d'un peu d'eau on fonce dans la descente, car c'est évidemment venté.
La descente en pente douce sur Nimaling est superbe. Immenses étendues de neige sous le soleil.
Å Nimaling, on prend le thé dans l'une des maisons, îlot de chaleur au milieu d'un champ de bouses de ***, croisement de yak et de boeuf, afin de les rendre moins agressifs. Difficile de trouver un caillou plat suffisamment large pour poser le ruck hors de
cette crotte en voie de déssication. C'est une sorte de relais en fin de vallée, le denier endroit où l'on peut avoir un gite avant le col ! Quel gîte et quelle aubergiste qui crache dans la louche pour la nettoyer avant de nous servir du thé ! La luminosité dans cet antre est extraordinaire, un rayon lumineux éclairant la cuisine ladakhie traditionnelle et la poussière s'échappant en volutes à
chaque tout mouvement des occupants. La porte d'entrée minuscule est légèrement en contrebas et une pierre acceuille le front du visiteur ébloui par le soleil de ce plateau superbe qui ne se plie pas en deux pour entrer dans cet antre obscur et enfumé.
Après Nimaling, le temps se couvre. Le paysage change. La vallée se transforme en garigue valonnée et le chemin est par
moment dur à suivre. On plante la tente dans un champ au milieu de la vallée encaissée avant d'arriver à Hanskar. Il fait froid et humide. Diner de riz, carottes, dal et thé. C'est clair, Tapkas se paye une ophtalmie. On a l'embarras du choix pour les collyres :
on a 3 flacons différents.

Mardi 30 septembre
Camp 4800
Konmaru La 5200 
Camp avant Hankar
Le matin, comme toujours, je vois, de l'intérieur, la tente qui s'éclaire lentement vers 5h30. Je me tourne et
me retourne comme j'ai fait toute la nuit.Un coup à gauche, un coup sur le dos, un coup à droite. J'ai enfin compris comment me mettre pour ne pas avoir froid : j'ai des chaussettes, mon pantalon de ski, un t-shirt, ma capilaine mauve. Ma veste de duvet avec la capuche. Sur les pieds je mets ma veste GoreTex
et sur moi, jusque sur la tête, la veste de duvet de Philippe. 

  On se lève (je me lève toujours le premier). Tout est blanc. 25 cm de neige. Tapkas se met lentement en branle. Il n'a pas l'air d'aimer ça, la neige... "Is no good". Evidemment il n'a pas de chaussettes, des chaussures (de ville) trouées qu'il avait mouillées la veille en marchant dans le torrent. Philippe lui prête ses Nike ("very good") et moi mon pantalon Kway ("very good"). 

  A 9h on décolle. On a les pulls et les vestes mais il ne neige plus. On monte tranquillement, de bonne humeur. Dans la neige, mais ça avance bien. Souvent je décide de faire 20 doubles pas puis je m'arrête pour respirer. Philippe dit que ce n'est pas bien de faire comme ça, pour le coeur. Mais on monte ... Vers
la fin on le fait en poussant les ânes et les chevaux. Ils sont cons ces animaux ... pourquoi s'arrêtent-ils tout le temps ? On les bouscule à coup de poing et de bâton de ski ... certainement qu'ils sont crevés aussi.

  Ca monte assez sec mais bien. Et le soleil en face. Sur la neige. On voit les drapeaux à prières ... encore
trois lacets. On y est ! 5150 m. Du vent, faut vite sortir les vestes. De l'autre côté montent deux Ladakhis et un mec et une nana. "Ca montait lentement" disent-ils. On leur fait la photo, ils prennent notre photo.
  "Djulei ! ". Et on descend dans un belle pente douce avec 30 cm de neige fraîche. Facile ! Dommage qu'on n'ait pas de skis ! 

  On descend cettre immense pente neigeuse pour arriver dans une plaine o'u Philippe dit voir une auto-chenille qui a fait des traces ... A l'odeur on se rend compte qu'en fait ce sont des moutons et des chêvres qui passaient en troupeau. D'où les traces, ... et les crottes. Je me dépêche de passer tellement ça pue. De l'autre côté de la vallée : Nimaling. En fait une maison. Où nous sommes invités à boire le thé par une vielle femme. Tout n'est que crotte et merde autour de la maison. Un immense tas de fumier qui coule jusque dans la maison. On s'installe pour le thé. Je refuse le beurre rance. Elle a une bonne vieille tête que j'aimerais prendre en photo. "Photo ? " Et je la prends. "Roupies ! " qu'elle me repond. Philippe lui en donne dix; qu'elle pose sur son étagère. On s'en va sans lui dire au revoir ... On redit à Tapkas de bien séparer nos babages et le kérozène. Ce qu'il ne fait pas une fois de plus ... mais heureusement le bidon ne coule plus. 
Le cheval, avec le sac de Kinouche sur son flanc gauche, et qui a les pattes de devant liées, tombe dans le fumier sur son flanc ... droit. "Tpakas ! ". Il arrive, lui delie les pattes et le relève ... ouf. Le sac est sauvé ! On reprend la marche, doucement. 

Et on arrivc à Hankar. Le camp est juste en dessous d'une rigole d'irrigation. On y cherche de l'eau, d'ailleurs. Tapkas monte sa tente mais merdiquement : le bâton de devant est tout toordu. Le mât de derriere est une pioche qu'il a posée sur ses affaires. Et comme il neige, on vient à son secours avec nos bâtons de ski. On fait la popote. comme le premier jour : carottes; radis, dal et riz. C'est moins bon que la première fois, les radis sont coupés trop gros et ce n'est pas assez cuit. En plus c'était le délire pour
s'assoir con fortablement dans la tente de Tapkas. Soit on faisait s'écrouler son mât (sa pioche) soit on mettait les pieds (chaussés) sur la "table". Et du coup je n'ai pas eu droit au rissolement des petis oignons dans l'huile d'olives ni à l'ajout de massala (curry). La nuit se passe relativement bien, plus de mal de tête.


La nuit se passe bien , et moi comme toujours, je fais la crêpe. Je lève tout le monde à 6h. 
Changement de tactique, on fait notre petit déjeuner nous-mêmes. Philippe se bat avec son réchaud mais ça finit par marcher. Sirindiskit vient vers 7h30 nous apporter le thé croyant qu'on n'en avait pas.Elle nous regarde ranger notre bordel, en caillant. Je lui met un pull et ma veste GoreTex. Philippe regrette de ne rien avoir à lui offrir. Moi je n'ai rien, vraiment rien. Dans les guides ils disaient de ne jamais rien donner. Philippe lui offre son beau peigne Kenzo. Elle le prend, le regarde bien. Contente. Plus tard, quand on remonte pour dire au revoir, elle est sur le chemin en train de se peigner. Elle met le peigne en barette
dans ses cheveux (qu'elle a lavés). Philippe remonte pour apporter les duvets et les habits à mettre sur les
chevaux. J'attends en écrivant. D'en haut on me fait des signes. Je montre aussi. Et tout lemonde est là. Le beau frère, le grand-père avec de beaux cheveux,  un chapeau, des boucles d'oreilles et un collier. On boit le thé. En sortant le grand-père se plaint d'avoir aussi mal à l'oeil. On lui met aussi du collyre. Le garçon qui nous accompagnait de Hankar à Markha en avait besoin lui aussi. Sur le pas de la porte docteur
Philippe officie. Je prends la photo. 
Réveil comme toujours quand la lumière éclaire la tente vers 6 h. Départ comme toujours aussi à 9h. Chemin facile et agréable. Grande platitude. On voit pour la première fois des clôtures en fil de fer
barbelé. Dedans poussent des arbustes. Le barbelé c'est pour éviter que les animaux ne bouffent les pousses ou les feuilles. En chemin on rencontre un garçon de 14 ans et une fille de 12. 
Amdou et Sirindiskit. Ils me disent être les enfants de Tapkas ... plus tard, en douce, la fille me dit que, lui, n'est pas le fils, que elle. Elle a deux soeurs qui sont à l'école à Leh et un petit frère. C'est sympa, on discute tout le reste du chemin. En plus je fais fort en tombant dans l'eau. J'avais voulu traverser sur des
cailloux, ai glissé et plouf, un pied dans l'eau jusqu'à mi mollet, puis l'autre et en plus je pique du nez en plantant la main droite gantée qui tenait le bâton de ski. Je m'écorche le pouce. Remis de mes émotions, je change de chaussettes dix minutes plus tard et tout rentre dans l'ordre. Philippe montre ses jumelles aux
enfants. La fille est folle de joie. Et à travers les jumelles on voit Markha. Où habite Tapkas. Markha est unvillage assez grand, construit sur une belle avancée rocheuse. Il y a un camping avant et un après. Le nôtre. De
loin on voit d'autres trekkeurs qui montent leur tente (sur leur camping). Il y a encore du soleil, on en profite pour se laver, les fesses et le zizi. Pour se rincer je me trempe dans le torrent jusqu'au cou. Philippe plus digne le fait par moitiés. D'abord le haut, torse nu, puis le bas, avec un t-shirt. A peine fini il
commence à neiger. Et il fait froid.Les deux anglais de l'autres camp passent. On discute un peu (en se les gelant). Ils voulaient faire Hemis-Zangla mais parait qu'il y a un pont détruit. Du coup ils vont peut être faire l'ascension du 6400 qu'on voit depuis Markha. 
On mange dans la maison de Tapkas. Toute la famille défile : la femme, le petit garçon de deux ans, le beau-frère avec ses deux ou trois enfants. En fait ils n'étaient là que pour le thé. Quand on y est pour dîner il n'y a plus que le petit garçon qui mange avec nous. Apparemment la fille, Sirindiskit, est avec la mère. Elle vient souvent nous voir au camp. 
Mercredi 1er octobre
camp avant Hankar - Markha
La nuit se passe bien , et moi comme toujours, je fais la crêpe. Je lève tout le monde à 6h. 
Changement de tactique, on fait notre petit déjeuner nous-mêmes. Philippe se bat avec son réchaud mais ça finit par marcher. Sirindiskit vient vers 7h30 nous apporter le thé croyant qu'on n'en avait pas.Elle nous regarde ranger notre bordel, en caillant. Je lui met un pull et ma veste GoreTex. Philippe regrette de ne rien avoir à lui offrir. Moi je n'ai rien, vraiment rien. Dans les guides ils disaient de ne jamais rien donner. Philippe lui offre son beau peigne Kenzo. Elle le prend, le regarde bien. Contente. Plus tard, quand on remonte pour dire au revoir, elle est sur le chemin en train de se peigner. Elle met le peigne en barette
dans ses cheveux (qu'elle a lavés). Philippe remonte pour apporter les duvets et les habits à mettre sur les
chevaux. J'attends en écrivant. D'en haut on me fait des signes. Je montre aussi. Et tout lemonde est là. Le beau frère, le grand-père avec de beaux cheveux,  un chapeau, des boucles d'oreilles et un collier. On boit le thé. En sortant le grand-père se plaint d'avoir aussi mal à l'oeil. On lui met aussi du collyre. Le garçon qui nous accompagnait de Hankar à Markha en avait besoin lui aussi. Sur le pas de la porte docteur
Philippe officie. Je prends la photo.