— 419 — La marche de Marmoutier, ainsi qu’on continua à l'appeler, devint, par là même, un fief mâle relevant du siége de Metz; et c’est probablement peu de temps après que les ancêtres de nos dynastes en furent investis, avec la mission de défendre la maison de Dieu contre tous ses ennemis. Dans l’origine la Marche comprenait un assez vaste territoire; au nord, elle s’étendait jusqu’à la Zorn et embrassait, au midi, la région monta- gneuse où devait s'élever, au douzième ou au treizième siècle, la forteresse d'Ochsenstein. Nous devons dire en passant, sauf à y revenir plus tard, que de la construction de cette forteresse sur un territoire dont nos dy- nastes élaient les avoués, on a conclu que les Ochsenstein et les Gerolds- eck formaient deux branches issues d’une même souche. Plusieurs docu- ments corroborent cette présomption. Peu à peu, la Marche perdit de son étendue primitive. Dans la seconde moitié du quatorzième siècle, à l’époque où on l’appelait plus communé- ment la seigneurie de Geroldseck, elle comprenait les localités suivantes : les deux châteaux de Geroldseck, la ville de Marmoutier, les villages de Rittenburg (Reutenbourg), Schweinheim, Viller (Lochwiller), Gotten- hausen, Synnenkrist (Signum Christi, Singrist), Sallendal (Salenthal), Dompestal (Dumphilsdal, Dimbsthal), Heigenheim (Hegeheim, Hægen, Hegenheim), Dompeter (Dumpheter, Thal), Swabwiler (Swewiler, Schwæb- Willer), Walitershoven (Waldshofen, Saint-Gall), Garrberg, etc.‘ D’autres pièces contemporaines mentionnent, en outre, Boel ou Bohel, diverses cours dépendant des couvents de Marmoutier et de Sindelsberg, et même Oderswiler (Otterswiller), ce qui pourrait n'être, au surplus, qu’une erreur de copiste, car il est douteux que, vers la fin du quatorzième siècle, cette localité dépendit encore de la seigneurie de Geroldseck *. De ces diverses localités, la Marche ne comprenait plus, avant la révolu- lion française, que Marmoutier, avec les ruines des deux Geroldseck, plus les huit villages de Lochwiller, Reutenbourg, Singrist, Salenthal, Dimbs- thal, Hegenheim, Thal et Gottenhausen; les autres avaient été aliénés ou détruils. En quoi consistaient les fonctions d’avoué dont la jouissance de la Marche constituait en quelque sorte la rémunération ? Un règlement fort ancien, puisqu'il date de l’an 1163 et n’était très-probablement, à ce mo- 1. Cité d'après les lettres d'investiture données, le 29 décembre 1387, par Rodolphe, évêque de Metz, à Volmar, sire de Geroldseck. (Archives du Bas-Rhin, E, 2841, 2, copie.) 2. Voy. aux mêmes archives, E, 2841, 1, une copie, non vidimce, de la convention conclue cntre Volmar de Geroldseck et l’évêque de Metz en 1381, au sujet du partage éventuel de la seigneurie.