— 143 — ment, que la reproduction textuelle de règlements antérieurs, fournit, quant à Marmoutier, des renseignements curieux et précis". L’avoué était chargé de présider les trois plaids généraux et les assises du tribunal su- périeur de la Marche, de défendre les gens de justice contre les rancunes et les vengeances des accusés ou de leurs familles, de protéger les voya- geurs, etc. En échange de ces services, il jouissait de la châtellenie de Geroldseck, du tiers des amendes et de diverses contributions en nature; lorsqu'il descendait de Geroldseck pour tenir des plaids ou des diètes, le maréchal de l'abbaye recevait ses chevaux à l’arrivée et leur donnait cen - abondance », et aux frais de l’abbé, le foin et la paille nécessaires. À part ses fonctions judiciaires, l’avoué était le défenseur et le con- seiller attitré de l’abbaye; nul acte important ne pouvait s’accomplir sans son assentiment, et tout agresseur s’exposait à le rencontrer sur son che- min, au besoin la lance au poing. C'était là du moins, si nous pouvons ainsi dire, la théorie de cette institution. La pratique s’en écartail beau- coup, et tous les auteurs sont unanimes à dire que lessires de Geroldseck ont été bien moins les patrons désintéressés de l’abbaye de Marmoutier que ses spoliateurs. Les abbés se plaignent incessamment de leurs em- piétements, et si, grâce à l’intervention des évêques, grâce à la menace des foudres spirituelles, ils obtiennent parfois de leurs redoutables pro- tecteurs un acte de contrition, une promesse de résipiscence, il faut que le repentir ait été de courte durée, car les plaintes se reproduisent à toutes les époques et, en définitive, l’abbaye se trouva ruinée de fond en comble. Le premier auteur connu de la maison de Geroldseck est Othon [*", qui est mentionné en 4120 sous le nom de Olto, senior, advocalus, dans une charte relative à un échange d'immeubles entre les couvents de Mar- moutier et de Sindelsberg”. Sept ans après, il figure comme témoin avec ses trois fils, Diedericus, Burchardus et Otto, dans la charte de fondation de l’abbaye bénédictine de Saint-Jean-des-Choux; cette fois il y est expressément appelé Ofto de Gerolzeg (1126). 1. Accord entre l'abbé Conrad et Otto de Geroltzecke au sujet de l'avouerie ct de ses revenus, ainsi que des droits de juridiction et priviléges de l'abbaye (1163), aux Archives du Bas-Rhin, H, 558, 7 (copie); voir aussi ScHŒPFLIN, Afs. dipl., n° 275, et un article de M. l'abbé HAnAUER, les Paysans de Marmoutier au neuvième el au douzième siècle, dans les Curiosités d'Alsace, t. 11, p. 354 et suiv. 2. SCHŒPFLIN, Als. dipl., n° 247. 3. Ibid., n° 253.