— 9% — ficulté et de toute lutte. Il est, au contraire, remarquable de voir que, par l'influence des temps agités où il exerçait son ministère, l’un des évêques assurément les plus aimés et les plus respectés du diocèse de Strasbourg ait été presque continuellement aux prises avec des ennemis ou des re- belles. À peine avait-il réconcilié la ville avec les Hohengeroldseck, qu'il se vit contraint de prendre les armes contre les bourgeois de Seltz. La ville de Strasbourg était depuis l’année 1256 en état d’hostilité, tantôt sourde, tantôt ouverte, avec la ville de Seltz, dont les habitants inquiétaient ses marchands, et avec l’abbaye de Seltz, qui avait pris le parti de la ville. Strasbourg avait envoyé des troupes contre elles, et avait même fini par brûler le couvent, dont les religieux donnaient asile à ses ennemis. Le Saint-Siége intervint à la requête de l'abbé, lança contre les vainqueurs les foudres du Vatican et les obligea à réparer le dommage. Mais les mêmes vexations s'étant renouvelées dix ans après, de la part des habitants de Seltz, Strasbourg contracta une alliance avec l’évèque Henri de Geroldseck, avec Hénoc de Linange, évêque de Spire, avec les comtes Émic et Fré- déric de Linange, Werner de Bolanden et François de Fleckenstein, pour réduire la ville et la démanteler‘'. Rodolphe, margrave de Bade, qui déte- nait Seltz à titre d’engagiste, s'empressa de négocier avec les assiégeants; néanmoins la ville fut prise d'assaut et pillée, ce qui donna naissance entre le margrave et les alliés à un litige, dont WENCKkER a mis en lumière les principales phases” et qui ne fut aplani qu'en 1274, grâce à la mé- diation de l’empereur Rodolphe. Au moment même où il guerroyait contre Seltz, au nord de son dio- cèse, l’évêque Henri avait à suivre du côté du midi, à Mulhouse, une lutte plus invétérée et plus sérieuse. Nous ne raconterons pas en détail la querelle de la jeune'cité de la Haute-Aisace avec les évêques de Strasbourg ; notre savant ami, M. Louis SPACH, en a donné, dans le Bulletin même, un récit fort détaillé, fort captivant, auquel nous ne pourrions rien ajouter?. Nous devons seulement rappeler ici que Mulhouse profita de la levée de boucliers provoquée en 1261, par l'évêque Walther de Gerolds- 1. Convention du lendemain de l'Invention de la Sainte-Croix, 4 mai 1268; WENCK&R, Apparat. Archiv., p. 170. 2. WENCKER, Op. cit., p. 178 et suiv. 3. Une excommunication de Mulhouse au XIIT° s., Bulletin de la Soc. pour la cons. des monuim. hist. d'Als., Ile série, t. Il, p. 55; Œuvres choisies, t. II, p. 397. Les chartes re- latives au litige avec Mulhouse forment, aux Archives du Bas-Rhin, G, 547, une volumi- nouse liasse, dont M. Spacu a publié, à litre de pièces justificalives, les pièces les plus intéressantes.