_— 95 — eck, son seigneur, pour secouer un joug fort lourd et se jeter dans les bras du comte Rodolphe de Habsbourg, landvogt de la Haute-Alsace. Après le rétablissement de la paix, en 1265, le successeur de Walther, l’évêque Henri, la somma de rentrer sous son obédience, rencontra de la part des bourgeois une opposition aussi persistante qu’inattendue, essaya vainement, de concert avec son collègue de Bâle et l'archevêque de Besançon, de les ramener par les armes spirituelles : Pexcommunication et l’interdit; se vit réduit, après sept ans de négociations infructueuses, à recourir au bras séculier, mit le siége devant la ville, mais ne put triompher de son éner- gique résistance. Comment la lutte finit-elle? M. Spacx ne le dit pas ex- pressément; il est probable, ainsi qu'il le suppose, que le comte Rodolphe de Habsbourg, dont la protection n’avait pas fait défaut un seul instant à la petite et héroïque cité, eut assez de crédit, une fois empereur d’Al- lemagne, pour la réconcilier avec son suzerain et avec l'Église (1273). Au surplus, trente-cinq ans après, un traité d'échange conclu entre l’'Em- pire et Jean, évêque de Strasbourg, fit définitivement sortir Mulhouse des domaines de ce prince ecclésiastique (1308). Il n’est pas facile de se rendre un compte exact des relations du comte de Habsbourg avec les évêques de Strasbourg, et notamment avec Henri de Geroldseck. 1! change d’attitude à leur égard d’une année à l’autre et parfois les combat plus ou moins directement d’un côté, tandis qu’il né- gocie avec eux de l’autre. On a déjà vu, à propos de Walther de Hohen- geroldseck, qu'après avoir embrassé son parti, Rodolphe fit, trois mois après, une éclatante défection et accepta même la capitainerie des milices strasbourgeoises. Qu'il ait obéi à une conviction sincère en abandonnant le parti d’un prélat oppresseur et vindicatif, ou qu’il ait écouté ses rancu- nes personnelles contre celui qui avait refusé de lui restituer les terres naguère données par son oncle, le comte de Kybourg, à l'église de Stras- bourg, au mépris de ses droits héréditaires, personne ne s’étonnera que Rodolphe n'ait pas cru devoir soutenir jusqu'au bout l'évêque Walther dans ses orgueilleuses prétentions. Mais il n'avait aucun de ces griefs contre Henri de Geroldseck-ès- Vosges. En effet, l’un des premiers actes du nouvel évêque fut de renoncer bénévolement, en faveur de Rodolphe, au bénéfice de la donation du comte Hartmann de Kybourg. Le comte de Habs- bourg, touché de cette générosité, s’empressa de restituer à Henri tout ce qu'il retenait des biens appartenant à l'évêché de Strasbourg, et refusa même de recevoir les 700 marcs d'argent que lui assurait le traité conclu entre lui et l’évêque Walther au lendemain de la bataille de Hausbergen. 1. Chron. d'ENSMINGEN, éd. Liblin, p. 43.