— 96 — Un peu plus tard, par acte du 14 juin 1269, il consentit, pour prévenir tout démêlé ultérieur entre sa famille et les évêques de Strasbourg, à abandonner, à Henri moyennant une compensation fort modérée, l’avouerie de la ville et du mundat de Rouffach qu’il tenait de l’évêché à titre de fief héréditaire". Ces échanges de marques d'amitié n’empêchèrent pas Rodolphe de soutenir très-ouvertement les habitants de Mulhouse contre leur suzerain, le prélat de Strasbourg, et Henri, lui-même, de joindre ses troupes à celles de son ami Henri de Neuchâtel, évêque de Bâle, afin de défendre contre le comte de Habsbourg la ville de Brisach, conférée à l’église de Bâle par Frédéric II, à titre de fief impérial. Cette double campagne ne fut pas heureuse pour notre prélat. Comme nous l'avons dit, il ne parvint pas à se rendre maître de Mulhouse, et l'évêque de Bâle n’eut que le temps de rentrer dans son diocèse, où l’ennemi avait porté le fer et le feu. Henri de Geroldseck mourut dix-huit mois après, le 42 février 14273", et fut enseveli dans la chapelle Saint-Jean, à la cathédrale. Du temps de GRANDIDIER, toute trace de son tombeau et de son épitaphe avait déjà disparu*. «ll laissa à son église, dit la Chronique de Schuttern, une foule d'objets précieux, de vases en or et de reliquaires de prix que la fureur des hérétiques en fit disparaître en 1526 *.» Il lui laissa surtout la mé- moire d’un prélat dont une grande bonté native et une inépuisable charité tempéraient la fermeté et l'énergie, d’un prince qui, préposé aux destinées du diocèse à l’une des époques les plus critiques qu’il ait traversées, sut, grâce à ces belles et nobles qualités, reconquérir toute son autorité et la transmettre à ses successeurs plus étendue, mieux assise, plus respectée qu’elle ne l'avait jamais été. Ajoutons, en terminant, qu'il fit très-activement travailler à l’édifica- tion de la cathédrale, et que c’est lui qui, le 7 juin 1264, prescrivit une collecte dans tout le diocèse pour la reconstruction de l’église de Saint- Thomas, «quæ prima filia nostre kathedralis ecclesie dicitur et est, cujus emuri nimia velustate consumpli"….. » 1. ScHŒPPFLIN, Als. dipl., n° 655. 2. Le 2 des ides de février, c'est-à-dire, le 12, d'après le livre des anniversaires de Saint-Thomas,; le 3 des ides, ou le 11, d’après celui du grand-chœur de la Cathédrale. 3. GRANDIDIER, 0p. cié., t. IV, p. 37. Nous croyons encore devoir mentionner, à propos de ce prélat, un acte de 1267 par lequel Adélaïde, dame d'Andlau, et Rodolphe, son fils, lui rétrocèdent le val d'Andlau et le village de Mittelbergheim, qui leur avaient été engagés pour 200 marcs d'argent par les évêques Henri de Staleck et Walther de Geroldseck. (Ar- chives du Bas-Rhin, G, 546,6.) 4. Chron. de Schuttern, 46 (MOxE, Quellensammlung, t. IT, p. 97). 5. Datum Argentine, 1264, VII Id. Junti. (ScnmioT, Histoire du chapitre de Saint-Thomas de Strasb., pièces justific., n° 43, p. 320.)